Il a définitivement éliminé ses opposants, s'est offert une marge de manœuvre jusqu'en 2021, après s'être assuré du soutien du président de la République. Ahmed Ouyahia est le grand gagnant du congrès extraordinaire du RND. Le désormais secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) a bien pris sa revanche à la clôture des travaux de ce rendez-vous qu'a abrité l'hôtel El Aurassi d'Alger. Et pour cause, la résolution organique adoptée par les congressistes a affirmé que «le congrès extraordinaire, réuni les 5, 6 et 7 mai 2016, tient place de 5e congrès ordinaire du parti», chargeant le conseil national «d'adapter le programme quinquennal du Rassemblement au contenu de ladite résolution». Comprendre que le prochain congrès du parti ne se tiendra pas en 2018 comme prévu, mais en 2021. Une bonne marge de manœuvre pour Ahmed Ouyahia qui a définitivement écarté ses adversaires du conseil national. Nouria Hafsi, Tayeb Zitouni, Chérif Rahmani, Boubekeur Benbouzid et même Belkacem Mellah ne figurent pas dans la composante du CN élargi à 421 membres. Le secrétariat national, devenu à l'issue du congrès un «bureau politique», sera désigné dans un mois, lors d'une première session du conseil national. Ayant promis à l'ouverture des travaux du congrès de «mettre fin à la dictature de la minorité», le patron du RND met ainsi un trait sur un feuilleton qui l'a collé depuis son retour aux commandes du parti. Plus encore, il aura eu même le luxe de voir ses opposants désavoués par le Conseil d'Etat. Ce dernier «a rejeté, mercredi passé, la requête de certains mécontents qui ont réclamé l'annulation du congrès extraordinaire», a révélé Ouyahia dans son discours de clôture. Le directeur de cabinet de la présidence de la République a, encore une fois, réitéré «le soutien constant et indéfectible de son parti au président Abdelaziz Bouteflika», le remerciant au passage pour le message de félicitations qu'il lui a adressé à l'occasion de son élection à la tête du RND. Une motion spéciale de soutien au chef de l'Etat a même été adoptée par les congressistes. Le texte souligne l'hommage du RND à Bouteflika «pour son rôle fédérateur et stabilisateur, à un moment où notre pays est confronté à de multiples défis sécuritaires et économiques notamment». Main tendue à l'opposition Le RND, qui renouvelle aussi le soutien à l'armée et au gouvernement, ajoute Ahmed Ouyahia, «est prêt à aider l'Exécutif afin de trouver des solutions pour un saut économique et social». L'orateur, fort de «l'attention particulière» du chef de l'Etat, a su comment rendre la monnaie en affirmant être «au service du système». A ceux qui pensent qu'il est complexe d'être au pouvoir, Ouyahia répond : «Nous assumons notre position avec fierté.» Et d'ajouter : «Je me suis toujours mis entièrement au service de l'Etat et du système.» Avant de dénoncer le discours «alarmiste» des partis de l'opposition, qu'il a préféré, cette fois-ci, «ne pas commenter». Il rappelle que lors du vote de la loi de finances 2016, cette opposition a fait des partis du pouvoir, «des criminels». «Nous en sommes fiers», a-t-il appuyé. Enfin et outre la motion spéciale à Bouteflika et la résolution organique, les congressistes ont adopté trois autres résolutions : politique, économique et sociale ainsi qu'une autre portant programme d'action du parti. Dans la déclaration politique, le RND a tendu la main en direction des formations politiques de l'opposition, affichant sa «disponibilité au dialogue et au travail ensemble au service de l'Algérie». Pour la résolution économique, le parti d'Ouyahia a appelé à l'encouragement de «l'ouverture des petites et moyennes entreprises publiques au capital privé national». Le SG du RND animera demain une conférence de presse au siège de son parti pour revenir sur le congrès et les questions d'actualité.