Les statistiques fournies hier par le département de Benkhalfa sur les finances publiques confirment la gravité de la situation. En effet, la chute des prix du baril de pétrole en moyenne à 30 dollars durant les deux premiers mois de l'année 2016 a été fortement ressentie et le choc a dépassé même les prévisions les plus pessimistes du gouvernement. Selon le document du ministère des Finances, cité par l'APS, le déficit du Trésor s'est creusé durant janvier et février 2016 pour atteindre près de 1404 milliards de dinars (mds DA), contre près de 413 mds DA à fin février 2015. Il s'agit d'un déficit en hausse de près de 240%. En deux mois, l'Algérie a enregistré donc un déficit de plus de 14 milliards de dollars. Un déficit qui a été supporté grâce aux réserves du fonds de régulation. S'agissant de la fiscalité pétrolière recouvrée en janvier et février 2016, elle se chiffre à 321,67 mds DA contre 405,7 mds DA durant la même période de 2015, soit une baisse de 20,7%. Concernant les ressources ordinaires du Trésor, elles ont également chuté à 391,91 mds DA à fin février 2016 (contre 488,73 mds DA à fin février 2015). Au total, les recettes pétrolières et ordinaires recouvertes ont baissé à 713,6 mds DA contre 894,43 mds DA durant la même période. En parallèle, le Trésor public a dépensé des sommes faramineuses en 2016. Les dépenses (fonctionnement et équipements) ont atteint 2040 mds DA uniquement sur les 2 premiers mois 2016, contre 1222,6 mds DA sur la même période 2015, soit une hausse de 66,85%. Ce qui a donné lieu à un solde budgétaire déficitaire de 1326,36 mds DA sur les 2 premiers mois contre 328,17 mds DA à la même période de 2015 (+ 304,2%). Mais le déficit global du Trésor, incluant le solde des comptes d'affectation et celui des opérations spéciales, a ainsi atteint 1403,86 mds DA à fin février 2016. Ces chiffres reflètent à bien des égards toute la fragilité des finances publiques. Sans ressources alternatives et maîtrise des dépenses publiques, le pays risque quasiment de se retrouver en faillite. Grâce aux réserves du Fonds de régulation des recettes (FRR) et les réserves de change, l'Algérie a évité ce scénario catastrophique, du moins pour les deux prochaines années (2017 et 2018). Les prélèvements sur le FRR ont été estimés à 665,67 mds en l'espace de deux mois. Selon les prévisions du gouvernement, le FRR s'épuisera d'ici la fin de l'année 2016, étant donné l'état des prix du pétrole qui ne permettent plus d'alimenter ce fonds. Même avec la relative hausse des cours du brut enregistrée durant les mois de mars et avril, la situation financière du pays ne risque pas de s'améliorer. Le train de vie de l'Etat dépasse de loin les capacités financières du pays. Les transferts sociaux (subventions, soutien aux franges défavorisées…) s'élèvent à plus de 3600 milliards DA, l'équivalent de 36 milliards de dollars. Si les prix du pétrole, considérés toujours comme une référence pour la loi de finances du pays, ne connaissent pas une amélioration dans les prochains mois, la politique socio-économique du gouvernement deviendra insupportable et condamnée à disparaître. Ce qui risque de provoquer de sérieux dégâts !