Le procès El Khabar semble s'inscrire dans la durée. Pour la troisième fois, la deuxième chambre des référés du tribunal administratif de Bir Mourad Raïs a reporté, hier, au 25 mai, l'affaire de l'achat de 95% des actions du groupe El Khabar par Ness-prod. Le procès, prévu initialement pour le 2 mai dernier, a été reporté à la demande de l'accusation. En effet, après réception du tribunal administratif des nouveaux éléments du dossier de la partie défenderesse, le groupe El Khabar, les avocats du ministère de la Communication ont demandé au juge de reporter l'audience pour «pouvoir se consulter sur le dossier de fond». «Le tribunal a jugé utile d'accorder un délai aux avocats de la demanderesse, en l'occurrence ceux du ministère de la Communication, pour que les avocats puissent répondre au moyen de défense que nous avons présenté au tribunal administratif», révèle l'un des 50 avocats de la défense à sa sortie du tribunal. Le report de l'audience pour une durée de deux semaines prouve, ajoute-t-il, que «nous ne sommes pas dans l'urgence». Autres éléments qui ont marqué l'audience d'hier, est la suspension d'activité de l'avocat de l'accusation, Me Mohcène Amara. Celui-là, sous le coup de trois mesures disciplinaires datant du 16 janvier 2016, a été retiré de l'affaire par le magistrat de la deuxième chambre administrative du tribunal de Bir Mourad Raïs. Le juge a expliqué dès le début de l'audience qu'en vertu de l'article 127 de la loi de la profession d'avocat, Me Amara ne peut défendre l'affaire. Le ministère de la Communication avait, en effet, engagé pour défendre l'affaire Mohcène Amara dont le statut d'avocat a été dénié en 2015 par le président du barreau d'Alger, Abdelmadjid Sellini. Le magistrat a expliqué, hier, à l'avocat qui a contesté son exclusion qu'il a été destinataire de ces décisions, hier même, à travers une correspondance du bâtonnat. Il y avait foule… A quelques heures du début du procès, des salariés du groupe El Khabar, des journalistes de la corporation et des politiques se sont rassemblés en face du tribunal de Bir Mourad Raïs. Tous étaient venus soutenir le groupe El Khabar. Le fondateur du parti politique UDS, Karim Tabbou, présent sur les lieux, a condamné la poursuite judiciaire engagée par le ministère de la Communication. «Je ne voudrai pas réduire ce sujet à une confrontation entre un journal et un ministre, je pense qu'il y a une volonté délibérée des pouvoirs politiques à réduire les libertés», dira le député. Il est clair, selon lui, qu'il s'agit d'«une violence et une volonté de soumettre, par la terreur et par le chantage, la pensée libre des journalistes et des espaces des débats». Khalida Toumi, ancienne ministre, pense que le ministère de la Communication a «peut-être fait une lecture fausse de sa propre loi». Elle appelle le ministre de la Communication «à corriger cette erreur» car elle estime, dit-elle, que les erreurs ne sont pas «une honte pour un gouvernement, au contraire. Ça le grandit». Enfin, nous rappelons que le ministère de la Communication a introduit une action en référé pour l'annulation de l'achat du groupe El Khabar. Un achat que le département de Hamid Grine a jugé «illégal». Le premier responsable du secteur de la Communication a justifié sa plainte par les deux articles 25 et 17 du code de l'information.