Les médecins praticiens de la santé ont interpellé le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, afin de trouver une issue favorable au conflit qui les oppose à Abdelmalek Boudiaf, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. En grève cyclique depuis le 18 avril dernier, le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a fini par s'en remettre au chef de l'Exécutif, estimant que «les portes du dialogue sont carrément fermées» avec la tutelle. Dans le courrier adressé mardi, le syndicat de Lyes Merabet explique les raisons du blocage, à commencer par «la non-application des clauses de l'accord signé entre les deux parties, il y a plus d'une année». Le SNPSP regrette que «le peu de rencontres tenues donc avec le ministère ne sont que des réunions de façade et pour la forme, sans réelle volonté». Ce qui n'a, d'après le même document, fait «qu'empirer les choses». En effet, expliquent les praticiens, alors que le ministère reconnaît la légitimité des revendications en appelant à une réunion de conciliation le 12 avril dernier, viennent les propos d'Abdelmalek Boudiaf qui juge la grève «illégale». «Un double discours», dénonce le syndicat de Lyes Merabet et qui «reflète l'absence d'une réelle volonté de dialogue et de respect des délais et engagements mentionnés dans des PV officiels». Le Premier ministre devait s'entretenir, hier, avec Abdelmalek Boudiaf «pour aborder le conflit avec le syndicat SNPSP», nous indiquait hier Lyes Merabet. Pourtant, contactée par nos soins, une source du Premier ministère affirme que Sellal n'a pas eu de tête-à-tête avec Boudiaf. «Il ne peut y avoir une rencontre informelle» entre les deux responsables. C'est le même écho du côté du département de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Slim Belkessem, le chargé de communication, est catégorique : «Le ministre de la Santé n'a pas eu de réunion avec le Premier ministre», a-t-il dit. Avant de revenir sur le conflit qui couve au sein du secteur, estimant que «c'est le syndicat (SNPSP, Ndlr) qui refuse le dialogue, car il avait quitté la dernière réunion de conciliation». Ce jour-là, le syndicat avait exigé la présence personnelle du ministre. Mais, «rien dans la loi n'oblige la présence du ministre», se défend M. Belkessem. En tout état de cause, le SNPSP qui dénonce «l'ignorance» du ministre de tutelle «sollicite l'intervention» d'Abdelmalek Sellal, «afin de trouver une solution juste et équitable aux problèmes en suspens d'un côté, et de l'autre réhabiliter les médecins praticiens». Reste à savoir quelle suite va donner le Premier ministre à l'appel pressant des praticiens au moment où ils insistent sur la poursuite du combat pour leurs droits. Deux journées de grève sont d'ores et déjà prévues pour les 17 et 23 mai prochain, avec deux sit-in, le premier au CHU Mustapha Pacha et le second devant le siège du ministère de tutelle. Rappelons que le syndicat réclame entre autres «la révision du statut particulier des médecins praticiens», «l'alignement entre ancien et nouveau diplôme pour médecin dentiste et pharmacien avec classification du doctorat sur la grille des salaires de la Fonction publique», et «l'assainissement de la situation financière induite par l'intégration depuis le mois d'août 2015 des praticiens médicaux dans le grade de ‘principal' et ‘principal en chef'».