«Si vous avez des preuves, apportez-les à la justice», c'est par cette phrase que l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, entame un texte posté sur sa page facebook, avant-hier, pour tenter de se dédouaner des accusations qui l'accablent de corruption, alors même qu'il était en fonction officielle. Pour Khelil, il ne s'agit ni plus ni moins que d'«une campagne vicieuse et inhumaine» menée par des «médias à la solde des étrangers qui ne veulent aucun bien à notre pays». De quels médias parle-t-il ? Aucun détail. Quelle est cette puissance étrangère qui nous veut du mal ? La France… évidemment. «Il suffit que je dise une petite vérité sur les investisseurs français en Algérie pour que la déferlante, sans retenue, noie les médias de leur paternalisme néo-colonialiste», lit-on dans ce texte, au passage écrit dans un français approximatif. L'ex-ministre, «un des meilleurs que l'Algérie n'ait jamais connus», selon Amar Saâdani, se pose comme une victime d'un «complot ourdi» de l'étranger. A ses yeux, seule l'ex-puissance coloniale et ses relais médiatiques sont responsables de cette cabale. A quelle fin ? «Ces médias, poussés par l'étranger, ont peur de mes idées, et au lieu de se battre sur ce terrain ils préfèrent faire ce qu'ils adorent le plus : jeter de la boue et fabriquer des mensonges sur ma personne», tance encore le «revenant» qui, en plus de réfuter en bloc les accusations, ira jusqu'à rappeler les arbitrages internationaux menés par Sonatrach avec succès, puisque ces derniers ont beaucoup rapporté à l'Algérie. En effet, dans un deuxième texte posté vendredi après-midi, Khelil énumère quelques prouesses de la plus grande société publique algérienne. Selon lui, «l'arbitrage de l'affaire Repsol Gas Natural a rapporté à l'Algérie 1,6 milliard de dollars, celui de l'affaire Gas Natural toute seule a rapporté au pays 2 milliards de dollars, les opérations de Sonatrach au Pérou ont rapporté 550 millions de dollars, alors que l'instauration de la taxe sur les profits exceptionnels faits par Anadarko, ENI et Maersk a généré des revenus supplémentaires de 1,5 milliard de dollars par an durant toute la période, suivant la mise en place de la loi sur hydrocarbures en 2005». Tout ce qui est mentionné ci-dessus, ajoute Chakib Khelil, «a permis d'effacer la dette de l'Algérie évaluée à 34 milliards de dollars en 1999 et qui ont permis de construire universités, hôpitaux, routes et autoroutes, ports et aéroports, logements...». Pour l'ex-ministre de l'Energie, il n'y a que la société française Total qui n'a pas respecté ses engagements en Algérie. «La société française Total, à l'inverse des sociétés espagnoles, qui a aussi gagné l'appel d'offres du gisement d'Ohanet, durant ma période de ministre, n'a jamais subi d'arbitrage et n'a rien payé quand elle a quitté ses engagements pris dans le cadre d'un appel d'offres ouvert international», révèle-t-il. Eclaboussé par une succession de scandales de corruption, Chakib Khelil tente-t-il de suggérer que le groupe français Total serait derrière la campagne de «dénigrement contre sa personne» ? On n'en saura pas plus. Dans de beaux draps… Une chose est sûre, l'accusé… accusateur ne donne aucune preuve matérielle de ce qu'il avance. Bien au contraire, de retour au pays il affirmera que «je n'ai pas l'esprit revanchard. Le passé, je le laisse derrière moi. Je n'ai aucune rancune envers quiconque». Khelil ira ensuite sillonner les quatre coins du pays en quête de caution des zaouias. Une stratégie qui a vite montré ses limites. En plus de l'impopularité de cette opération de Com qui a choqué l'opinion publique, Chakib Khelil est de nouveau au cœur d'un autre scandale. Les sites électroniques, Algérie Patriotique et Maghreb Emergent, viennent de révéler l'implication de l'épouse de Khelil, Najat Arafat. Cette dernière, avancent les deux sites électroniques, a bel et bien un lien avec l'affaire Sonatrach 2. Selon ces sources, la femme de Khelil «détenait un sous-compte sur le principal compte d'affaires de la filiale Saipem : il s'agit d'un compte à la Bank Audi Saradar, à Beyrouth, sur lequel la Pearl Partners de Farid Bejaoui a redistribué 34,3 millions de dollars de commission à Saipem». Maghreb Emergent a indiqué que «le nom de Najat Khelil, née Arafat, qui figure comme détenant ce sous-compte au Liban, apparaît dans le rapport d'une commission rogatoire internationale en 2011». Le site électronique croit savoir que c'est sur cette base qu'à été fondée «l'inculpation de Chakib Khelil par le tribunal de Sidi M'hamed, puis l'émission d'un mandat d'arrêt international contre lui, son épouse et ses deux fils, le 12 août 2013 par le procureur général près le tribunal d'Alger, Belkacem Zeghmati».