Le Front des forces socialistes (FFS) hausse le ton envers le pouvoir en place et l'appelle clairement à adopter son projet de reconstruction du consensus national, seule issue, selon lui, à même de sortir le pays de sa crise. Le premier secrétaire national du parti n'a pas été par trente-six chemins pour dénoncer la gestion «à sens unique et autoritaire» du pouvoir. Ce dernier «continue sa fuite en avant et ne montre aucune volonté politique de changement du système en place et s'enfonce dans sa gestion à sens unique et autoritaire des affaires du pays, sans se soucier des dangers sur l'avenir», a regretté hier Mohamed Nebbou. Il prononçait un discours d'ouverture au congrès fédéral de Sidi Bel Abbès. Devant cette situation et bien qu'il peine à se concrétiser, le FFS reste fidèle à son initiative de reconstruction du consensus national. «Au FFS, nous croyons que la seule issue à même de faire sortir le pays de la crise est d'entamer un véritable processus de changement qui se constituera pour un Etat démocratique et social», a-t-il rappelé. Et d'appeler, à l'occasion, le pouvoir à adopter la voie du consensus. «C'est pourquoi nous proposons, depuis des années, au pouvoir, d'ouvrir ce processus de sortie de crise, en associant l'ensemble des Algériens et avec tout ce que peut donner ce peuple innovateur de positif», a insisté l'orateur. Il faut dire que c'est pour la première fois que le FFS s'adresse uniquement au pouvoir, sans citer les partis de l'opposition. Or, son projet repose bien sur la réunion des deux parties. Et si le vieux parti de l'opposition se tourne vers une seule partie, c'est qu'il est convaincu que c'est de là que doit venir le premier pas. D'ailleurs, il poursuivra en appuyant que «cela fait des années que nous disions au pouvoir : ‘‘N'ayez pas peur de votre peuple. Allons-y vers la construction du consensus national qui donnera un nouveau souffle à cette Algérie blessée''». Lancé au lendemain du cinquième congrès du parti tenu en 2013, l'initiative de reconstruction du consensus national a butté sur le rejet des partis de l'opposition, puis sur la «ruse» – pour ne pas dire la trahison – des partis du pouvoir qui, après avoir exprimé un accord de principe, se sont rétractés en fixant des «lignes rouges». Le cri de Mohamed Nebbou semble, cette fois-ci, tel un appel à témoin de l'opinion publique. Il le dit d'ailleurs quand il déclarera que «le FFS va poursuivre ses tournées» à travers les quatre coins du pays, «commune par commune s'il le faut», soutient-il, «pour parler avec les citoyens, écouter leurs vœux et partager nos peurs et nos espoirs». «Nous prenons à témoin les citoyens qu'un parti politique constant pour la construction démocratique d'un Etat de droit, n'a pas pour habitude de jouer le pompier au feu qu'aura déclenché un régime condamné par l'Histoire», assène Nebbou. L'orateur a tracé un sombre bilan de la situation politique, économique et sociale du pays, estimant que «les conséquences de la crise multidimensionnelle qui frape le pays sont visibles et menacent le présent et l'avenir des Algériennes et Algériens». La chute des prix du pétrole «a mis à nu l'échec des politiques adoptées par le pouvoir depuis l'Indépendance», constate-t-il, ajoutant que «la légende du développement, de la stabilité économique et sociale n'était qu'un mirage».