Le diocèse d'Oran a organisé, avant-hier, un colloque sur Pierre Claverie, l'évêque d'Oran assassiné le 10 mai 1996 à Oran. Ce colloque se veut une célébration du 20e anniversaire de son assassinat. Le colloque a démarré par la projection du film d'Amalia Escriva consacré au défunt. S'en est suivie une table ronde autour de ce documentaire retraçant la vie de ce religieux natif de Bab El Oued, à Alger, qui a refusé de quitter l'Algérie au plus fort du terrorisme. Mais c'est l'intervention de Khaled Bentounès, chef de la zaouïa Al Alaouiya de Mostaganem, qui était la plus attendue. Intitulée «J'ai besoin de la vérité de l'autre», cheikh Bentounès a réitéré son engagement pour le dialogue et la complémentarité des religions. Depuis plus de deux ans, avec 3000 personnes venues des quatre coins du monde, Cheikh Bentounès bataille pour l'institution d'une «Journée du vivre ensemble» par les Nations unies où les clivages religieux et spirituels notamment seront abolis. Dans la matinée d'hier, Janicot Bernard qui dirige la Bibliothèque du Centre de documentation économique et sociale (CDES), un passage obligé pour tous les universitaires et les étudiants en fin de cycle, devait présenter une communication intitulée Mgr Pierre Claverie et sa relation avec l'Islam. Il est établi que lorsqu'il était à la tête du diocèse d'Oran, Claverie a essayé de s'ouvrir aux autres communautés et aux confessions religieuses. Catholique, il se considérait algérien à part entière. Il n'était pas insensible aux remous qui secouaient le pays durant la dernière décennie du vingtième siècle. Son meurtre, par plasticage, intervient juste après sa rencontre avec Hervé de la Charrette, alors ministre des Affaires étrangères français, venu se recueillir sur la tombe des sept moines de Tibhirine. Ajoutons que le diocèse d'Oran porte son nom et que Claverie est enterré dans ce lieu. Se fixant comme objectif de faire connaître la pensée de Pierre Claverie, les organisateurs de ce colloque cherchent aussi à privilégier le dialogue entre les deux religions monothéistes. C'est du moins ce qui se dégage des propos de Mgr Teissier qui dirige actuellement le diocèse Pierre-Claverie.