Le dénigrement de l'Islam profite aux extrémistes de Daech et d'Al Qaïda. Cette réalité tant exprimée par de nombreux musulmans est reconnue par un ancien directeur de la CIA. Presque 15 ans après les attentats du 11 septembre 2001, les USA et le monde font face à la menace renaissante du terrorisme, estime l'ancien commandant de la Force internationale d'assistance et de sécurité en Afghanistan et ex-directeur de la CIA, David Petraeus. Lorsque les Etats du Proche-Orient se sont effondrés dans la guerre civile, les groupes extrémistes comme Daech ont profité de ce chaos pour envahir de grands territoires qu'ils ont utilisés pour se rallier des recrues, établir un pouvoir totalitaire sur les habitants des régions occupées et organiser des attentats dans le reste du monde, a-t-il écrit dans les pages du Washington Post. «Pour cette raison, je suis de plus en plus préoccupé par les discours incendiaires d'hommes politiques, devenus beaucoup trop ordinaires aux USA et à l'étranger, contre les musulmans et l'Islam, y compris les propositions concernant une discrimination générale des gens sur la base de leur appartenance religieuse», confie le militaire. Mises à part les considérations d'ordre moral, ceux qui flirtent avec les discours de haine à l'égard des musulmans doivent comprendre qu'ils font le jeu d'Al Qaïda et de Daech, souligne-t-il. Les terroristes ont espéré provoquer un choc de civilisations en disant que les USA étaient en guerre contre eux et leur religion. En proposant de limiter les droits des musulmans sans distinction, les hommes politiques occidentaux appuient la propagande des terroristes. «Dans le même temps, de telles déclarations sapent notre capacité à combattre les extrémistes, en détournant de nous les alliés dont l'aide nous est nécessaire pour remporter ce combat, à savoir les musulmans», écrit Petraeus. Des centaines de milliers de musulmans luttent aujourd'hui contre les extrémistes, note cet ancien directeur de la CIA. Les soldats afghans combattent Daech et les talibans, Arabes et Kurdes affrontent Daech en Irak et en Syrie. Inévitablement, afin de nettoyer les territoires des réseaux extrémistes, on aura besoin de troupes terrestres. La question est de savoir quelles forces doivent constituer la majorité de ces formations armées au Yémen, en Libye, en Somalie, en Afghanistan, en Irak, en Syrie, au Nigeria ou au Mali, les nôtres ou celles de nos partenaires locaux musulmans, s'interroge l'auteur. «Je crains que ceux qui diabolisent et dénigrent l'Islam ne rendent que plus probable le fait que ce soient nos compatriotes qui devront finalement assumer ce combat, et pour cela nous paierons un grand prix, en dollars et en vies», avertit David Petraeus. Les propos de cet ancien directeur de la CIA sont tenus dans un contexte planétaire marqué par une diabolisation inquiétante de la religion musulmane et la stigmatisation des musulmans. Ces propos répondent au candidat américain à l'élection présidentielle, Donald Trump, qui a exprimé sa détermination à interdire l'entrée des musulmans aux USA. De l'incendie de mosquées aux intimidations de musulmans, le dénigrement de l'Islam gagne du terrain, mis à profit par Daech et Al Qaïda qui tentent de faire croire à une «croisade» et «enrôler» des extrémistes. C'est pour contrer cette machination que l'Algérie opte pour la solution pacifique et politique dans les conflits. Il s'agit de ne pas donner un «prétexte» aux extrémistes de Daech et d'Al Qaïda.