Algérie Poste envoie un ingénieur à l'ex-Sonarem pour dépanner, l'agent de sécurité joue au «sheriff» devant le portail, réplique de l'ingénieur. Résultat : deux certificats médicaux. Comparution à El Harrach devant cette terrible Ghezloune et le farouche Kennas face à maître Fodil ! Aïe, aïe, aïe. Tribunal d'El Harrach. Section correctionnelle. Un monde fou. Que d'inculpés ! Que de victimes ! Que de témoins ! Et surtout que de curieux qui ont réussi à trouver une place face à Fella Ghezloune, la présidente qui a, à sa droite, Messaoud Kennas, le procureur. L'affaire du jour est celle qui verra une victime de coups et blessures qui traîne une incapacité de travail de quinze jours, et deux inculpés, Imed K., quarante ans, et Missoum A., flanqué de maître Djamel Fodil, son avocat lui-même à hauteur de maître Bentounès, le conseil de la victime. Les débats sont chauds et emballants.«Qu'y a-t-il entre vous pour en arriver aux mains ?», dit d'emblée la juge en s'adressant d'abord à l'inculpé, agent de sécurité à Belfort. Les tempes de Me Fodil commencent un petit carrousel. Le premier, Ahmed Missoum, un grand balèze de plus d'un mètre quatre-vingt-dix, parle de suite d'humiliation. «Il m'a manqué de respect», a-t-il ajouté sans prononcer les mots qui l'ont blessé. «Au retour, devant le portail de l'entreprise (ex-Sonarem), nous nous sommes pris à la gorge avant de rouler par terre», raconte l'inculpé qui se dit victime. Ghezloune s'adresse au second inculpé : «Vous vous êtes battus ?» Et elle répète à l'intention de la victime Imed Khelaïfia lequel répond : «Non, nous ne sommes pas battus !» «Et pourquoi la plainte alors ?», insiste la juge. «Parce qu'il m'a agressé. Moi, je ne me suis pas laissé aller à la provocation des coups reçus. Et il y a même un témoin qui m'a vu dans ma voiture lorsque Missoum m'a agressé.» Le témoin, lui, a confirmé la version de Imed, le tout balancé sans serment. Me Fodil gigote alors que Kennas a requis deux mois ferme contre Khelaïfia et un an ferme contre Missoum, ce qui donne une situation cocasse : deux individus, dont une victime inculpée. Les deux avocats s'avancent : maître Bentounès pour la «victime inculpé», a plaidé le délit consommé pour deux mois prononcés de plus. Quel monde ! Madame la présidente ! C'est intenable !, s'est écrié le conseil qui a fait allusion à la loi qui évoque le métier des agents de sécurité en cas d'agression, et l'agent riposte, il est dans ce cas en légitime défense. Elle réclame la relaxe dans ce dossier. Avançant à la barre, maître Fodil pour Khelaïfia répond à maître Bentounès en lui déterminant le mot «agression». En l'occurrence, il ne s'agit pas d'une agression d'une entité contre un peuple avant d'ajouter : «Imed avait sur lui un ordre de mission pour entrer dans l'entreprise. Il est venu travailler et le voilà inculpé. Venant d'Algérie Télécom pour une panne, cet ingénieur n'a pas eu l'accueil qu'il méritait. Il lui a répondu qu'il s'était trompé d'adresse et qu'il n'avait qu'à chercher ailleurs. Son client a insisté poussant l'agent à prendre le risque de faire échouer la mission», s'est écrié l'avocat qui a aussi précisé que «mon client voulait joindre le directeur qui était alors sorti et faire entrer l'ingénieur». A la sortie, dit encore l'avocat, n'ayant pas digérer l'appel avec le sans fil et s'estimant humilié, il lui a sauté et lui a causé des blessures sur le visage en entier. «Madame la présidente, il y a deux certificats médicaux avec deux dates éloignées. Mon client l'a établi le jour même, alors que l'adversaire a attendu cinq jours pour se plaindre et justifier les coups rendus en légitime défense», a souligné le défenseur qui a presque ri : «Si c'était vrai, il aurait établi le jour même et il y a aussi les termes sur le certificat médical où est transcrit une blessure à la main gauche : ce qui signifie qu'il a été blessé, lorsqu'il a donné les coups et la blessure à l'oeil gauche a été faite par la portière ouverte violemment.» Et voilà où nous en sommes. Absence de dialogue de galanterie, d'affection, de crime...La défense ne réclame que la relaxe, car mon client est innocent», clame le défenseur qui aura droit au plus beau sourire de la présidente qui est capable de suivre des débats en ayant un oeil sur les antagonistes dont certains se lancent de méchants regards heureusement perdus dans le cou de ce sacré Kennas, toujours prêt à bondir ! Le dossier est mis en examen sous huitaine.