La congestion de la circulation routière s'est accentuée ces dernières années jusqu'à constituer l'une des causes de stress les plus importantes des Algérois. Ce constat fait par les nombreux spécialistes, hier, lors de la conférence organisée par l'APW d'Alger sous le thème «Mobilité urbaine, réalité et perspectives» est assez éloquent pour tirer, encore une fois, la sonnette d'alarme sur un problème auquel autorités et experts semblent buter en raison de sa complexité. Sans tournures, le P/APW, Karim Bennour, le qualifie de majeur et le classant comme l'un des principaux facteurs de nuisance, tant moral que matériel, sur la santé des citoyens. Abondant dans le même sens, le SG de la wilaya, Djamel Berimi, a rappelé les différentes mesures prises pour maîtriser ce sujet très sensible. «Plusieurs actions ont été entreprises dans ce sens, mais les solutions restent insuffisantes dans la mesure où la problématique de la congestion de la circulation continue de se poser de manière accrue. La réalisation de parkings à étages par certaines entreprises nationales n'a pas donné le résultat escompté, ce qui a contraint la wilaya à chercher les solutions ailleurs. Les contacts engagés avec des entreprises d'envergure internationale ont abouti à la création d'une société mixte algéro-espagnole, représentée du coté national par l'Egctu, pour la réalisation d'un centre de régulation de la circulation prévoyant dans une première étape l'installation de 250 à 300 feux tricolores, projet qui en prévoit 500 au niveau de la capitale. Parmi les actions qui ont permis d'alléger la congestion de la circulation, on peut citer l'interdiction aux poids lourds y compris les livreurs de circuler durant la journée. Notre objectif était avant tout d'alléger les dites nuisances subies par le citoyen mais les résultats n'étaient pas à la mesure des attentes. Ceci étant, d'autres projets ont été couronnés de succès comme le parking à étages de Kouba», dira-t-il. Sur un autre plan, le SG propose de faire payer plus cher le stationnement au cœur de la capitale, une solution selon lui bien dissuasive pour certains automobilistes. Pour sa part, le représentant de la Sûreté nationale, le commissaire principal Mohamed Filali, a tenu à préciser que le problème de la circulation routière, considéré il y a encore quelques années comme l'apanage de la DGSN ou de la Gendarmerie nationale, apparaît aujourd'hui comme la responsabilité de tous. «Pourtant, explique l'officier, la DGSN est concernée par deux points essentiels, à savoir veiller à la protection des personnes et de leurs biens, faciliter la circulation routière.» Cependant, ajoutera l'officier, «pour stopper l'hémorragie et atténuer l'une des causes de mortalité les plus importantes avec 4000 décès par an sans parler des milliers de blessés dont certains dans un état grave, il apparaît nécessaire d'opérer par des contrôles sévères et faire respecter l'exécution des contraventions». A ce propos, rappelle le représentant de la DGSN, «98% des verbalisations ne sont pas payées et les citoyens croient que la contravention est une simple opération commerciale alors que le but recherché à travers elle est de sensibiliser les conducteurs. La conduite est un comportement et comme on le dit souvent, on conduit comme on se conduit. A titre d'exemple, certains conducteurs occupent la bande d'urgence juste pour attendre un ami, un geste qui ne tarde pas à créer un encombrement sur plusieurs centaines de mètres». La DGSN débordée Toutefois, d'autres facteurs sont mis en cause dans la congestion de la circulation routière, dont l'officier citera l'état du réseau routier resté figé depuis des décennies alors que le parc automobile a été multiplié par 5. «Il y a trente ans, commentera-t-il, les routes d'Alger recevaient 80 000 véhicules/jour, aujourd'hui ce chiffre est de 200 000. La DGSN est trop sollicitée dans ce domaine en sachant que 80% de ses effectifs sont affectés à la circulation routière.» Il pointera aussi du doigt ces travaux opérés en plein jour alors qu'ils devraient se faire la nuit. «Il suffit de le demander, la DGSN est là pour assurer la sécurité du chantier.» De son côté, le représentant de la GN, le capitaine Samir Benabdelmoumene a affirmé que 80% du réseau routier est contrôlé par les unités de la gendarmerie et ce 24/24. A l'instar de son collègue de la DGSN, le gendarme a mis en avant la responsabilité de 93% des conducteurs dans les accidents à cause du non-respect du code de la route. Durant les cinq premiers mois de l'année en cours, les services de la GN ont enregistré le décès de 349 hommes et 108 femmes. Concluant, l'officier fera remarquer que la répression reste insuffisante et l'une des meilleures solutions est le comportement des conducteurs en respectant le code de la route. Le représentant du ministère des Transports, Khoukhi Mourad, directeur de l'Autorité organisatrice de transport urbain (Aoutu) a présenté un certain nombre de recommandations comme l'emplacement des parkings à la périphérie de la capitale en prévoyant de les raccorder aux moyens de transport urbain (tramway), décentraliser le siège des administrations hors de la capitale, le covoiturage, création de parkings au niveau des administrations et institutions d'accueil, doter les nouvelles agglomérations de toutes les commodités pour éviter les déplacements. Cependant, les solutions exposées ne peuvent se concrétiser sans la contribution directe et effective des citoyens. Sinon, le prix à y mettre sera trop élevé.