Dissuasion et répression ont été les mots d'ordre du ministre des Transports, Amar Tou, lors d'une réunion tenue hier, au siège de son ministère avec les cadres de son département ainsi que la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), de la Gendarmerie nationale (GN), de la Protection civile et le Centre national de prévention et sécurité routière (Enacta), dans le cadre d'une journée d'évaluation relative à la sécurité routière. Les différentes institutions ont présenté un bilan alarmant des accidents de la route. Dans les derniers huit mois de l'année en cours, 1 236 accidents de la route ont été enregistrés et 3 004 autres provoqués par les poids lourds. Les intervenants attribuent la cause de ces chiffres effrayants au non-respect du code de la route, des heures de conduite, aussi, au non-respect des heures de repos, au manque de qualification et aux défauts et disfonctionnements dans les véhicules. Le ministre a rappelé que suite à l'application de la loi relative à la sécurité sociale, le nombre de morts en 2009, qui était de 4 607 a diminué de 938 en 2010, puis il s'est élevé encore une fois en 2011, pour cause de «relâchement» dans le contrôle. «Nous nous sommes concentrés sur le côté de la sensibilisation et nous avons négligé le côté dissuasif», a-t-il avoué, ajoutant : «Je crois que nous avons fait une erreur et il va nous falloir beaucoup d'efforts pour revenir à de bons résultats.» Il a indiqué que «certains» préfèrent rendre leurs permis aux sanctionnés que de protéger la vie des autres. Le ministre a préconisé de ne pas être en contradiction avec les statistiques présentées, que les normes avec lesquelles nous travaillons, a-t-il dit, doivent exprimer avec fidélité le phénomène des accidents dans le pays et chercher de nouveaux facteurs scientifiques plus explicites pour enquêter sur les raisons cachées des accidents. Il a par ailleurs, insisté sur l'ouverture des routes express, la délimitation des tronçons spécifiques aux accidents récurrents, la concentration sur l'éducation routière, la formation et l'entraînement pour la bonne conduite ainsi que l'activation de l'opération de contrôle technique pour les véhicules. Concernant les statistiques présentées par la GN et la DGSN, le ministre a recommandé aux cadres de son ministère le moyen de regrouper les statistiques de ces deux institutions en un seul fichier. Le comportement inconscient des conducteurs, le manque de sensibilisation et de culture de la circulation de la route, sont autant de causes qui augmentent le nombre d'accidents, a expliqué le ministre, tout en révélant que le taux d'accidents causés par les camionneurs qui n'est que 3%, engendrent un taux de 43% de victimes. «Notre plus grand problème concerne les accidents de camions dont il faut accorder une attention particulière», a-t-il estimé. Le ministre a parlé de «mépris» de la loi par les conducteurs insouciants qui selon lui, menacent de manière «criminelle» la vie des citoyens. Le colonel Malek Salah, chef de service de la Protection routière à la GN, a proposé, après un exposé exhaustif des causes des accidents routiers dans le pays, de ramener l'âge de l'obtention du permis à 26 ans. Et pour le transport en commun, il a proposé qu'il serait utile d'ouvrir des écoles pour la qualification et le certificat professionnel ainsi que l'acquisition d'équipements sophistiqués et la création d'équipes scientifiques pour des enquêtes approfondies et l'établissement de fichiers nationaux pour la carte grise et le permis de conduire. Trouvant les propositions intéressantes, le ministre a déclaré que des discussions se feront avec le ministère de la Défense pour le certificat professionnel, aussi pour l'application des fichiers centralisés pour les infractions, le permis et la carte grise, sans oublier d'évoquer le permis à point qui, selon lui, est la solution de rechange pour réduire le nombre de morts sur les routes, en promettant que l'Etat est décidé pour combattre ce fléau en application des lois.