L'Europe souhaite obtenir l'accord de l'ONU pour mener des patrouilles maritimes au large de la Libye, dans le but de «lutter contre le trafic d'armes». La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a demandé hier à l'Onu d'autoriser l'action navale européenne au large de la Libye à surveiller le respect de l'embargo sur les armes imposé à ce pays. S'exprimant devant le Conseil de sécurité, cette diplomate européenne a exhorté le Conseil à adopter une résolution actuellement en discussion, «autorisant cette action et à appliquer l'embargo de l'Onu sur les armes en haute mer au large de la Libye». «J'espère que ce Conseil fera une nouvelle fois le bon choix» en adoptant ce texte qui va étendre le mandat de l'action navale européenne, a-t-elle ajouté. D'après des diplomates, un projet de résolution en ce sens, mis au point notamment par la France et l'Angleterre, a été distribué aux 15 pays du Conseil qui vont commencer à en débattre dans les prochains jours. Quand ce texte sera adopté, les bâtiments de guerre européens pourront alors intercepter en haute mer les navires qu'ils soupçonnent d'acheminer des armes en direction de la Libye, sans avoir à demander l'autorisation des pays dont ces navires battent pavillon. La plupart des armes en Libye ne sont pas destinées au gouvernement légitime mais à son rival ou à des groupes armés. Pour l'instant, l'opération européenne se limite à la haute mer. L'étendre aux eaux territoriales libyennes nécessiterait l'accord des autorités libyennes. L'ambassadeur russe a indiqué à des journalistes que son pays «n'était pas opposé» au projet de résolution mais qu'il «avait des préoccupations». Moscou souhaite en particulier s'assurer que l'Onu ne puisse pas être accusée de «prendre parti pour un camp ou l'autre» en Libye. «La priorité numéro un est de mettre en place des autorités adéquates en Libye», a estimé l'ambassadeur de la Russie en Libye. Le chaos en Libye est favorisé par l'ingérence militaire de l'Otan et de l'ancien président Sarkozy, en 2011. Il y a quelques semaines, le président américain, Barack Obama, a annoncé que l'ingérence de son pays en Libye, en 2011, est sa plus grande erreur. Obama a dénoncé Sarkozy et le Premier ministre britannique, David Cameron, pour le rôle joué dans la désintégration de l'Etat libyen, profitant à Daech qui a instauré des camps dans ce pays. Nicolas Sarkozy avait même ordonné que des armes soient larguées au-dessus de la Libye. Ces armes ont bénéficié à Daech qui a utilisé cet arsenal pour occuper une partie de ce pays en guerre. Il y a quelques jours, la communauté internationale a exprimé, en Autriche, son accord pour la levée partielle de l'embargo sur les armes, dans le but de permettre au nouveau gouvernement de la Libye de lutter contre Daech. Le nouveau gouvernement, qui a demandé une aide en logistique, a refusé l'ingérence militaire. Des accrochages ont lieu, opposant les extrémistes de Daech en Libye aux éléments des forces du nouveau gouvernement de ce pays. L'opinion publique internationale préfère que ce soit le nouveau gouvernement libyen qui combat Daech en Libye.