La paix et la stabilité en Libye semblent être le souci numéro un de l'ONU qui a apporté son soutien à travers une résolution au gouvernement libyen d'union nationale prévu par l'accord conclu la semaine dernière. Ce souci est dicté par la nécessité de contrecarrer Daech qui semble gagner du terrain dans ce pays en proie au chaos depuis la chute de Kadhafi. L'autre souci de l'ONU et de la communauté internationale est de juguler le flux migratoire, la Libye étant une des principales rampes de lancement de l'immigration vers l'Europe. Le Conseil de sécurité de l'ONU a en effet adopté à l'unanimité une résolution qui «salue la signature le 17 décembre de l'accord politique libyen de Skhirat (Maroc)». Il a demandé aux pays membres d'aider «le futur gouvernement d'entente nationale» qui sera basé à Tripoli à restaurer la stabilité en Libye. L'ambassadeur britannique Matthew Rycroft a invité les factions libyennes qui n'ont pas encore signé l'accord à le faire et «à travailler avec le gouvernement d'union». L'émissaire de l'ONU en Libye Martin Kobler a lui aussi répété à la presse que «la porte restait grande ouverte». L'ambassadeur français François Delattre a averti que le nouveau gouvernement «sera très vite mis à l'épreuve par ceux qui veulent saper le processus». Pour l'ambassadeur libyen à l'ONU Ibrahim Dabbashi, «cet accord est le seul espoir de restaurer l'autorité de l'Etat et d'éviter que la Libye ne disparaisse en tant qu'Etat souverain». La résolution qualifie le gouvernement d'union de «seul gouvernement légitime de Libye» et le Conseil «se déclare résolu à l'appuyer». Le texte demande au Conseil de la présidence, créé par l'accord interlibyen, de «s'employer dans un délai de 30 jours» à composer le nouveau cabinet et à mettre en place «les dispositions de sécurité» nécessaires. Dès que ce gouvernement sera opérationnel, soulignent des diplomates, il pourra demander de l'aide pour combattre les terroristes de Daech qui ont pris pied en Libye, et pour juguler l'émigration vers l'Europe à partir de ce pays. «Nous allons coopérer étroitement avec le gouvernement d'union pour vaincre les groupes affiliés à Daech en Libye et éliminer la menace qu'ils représentent pour notre sécurité collective», a promis l'ambassadrice américaine Samantha Power, qui préside le Conseil en décembre. Mais selon M. Kobler, le gouvernement doit d'abord «organiser la lutte contre Daech entre Libyens» avant de demander une aide étrangère. Daech, qui a profité du chaos ambiant, a établi une tête de pont sur la côte libyenne, notamment dans la région de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli, et compte de 2000 à 3000 combattants locaux ou étrangers. Les Occidentaux s'inquiètent de la montée en puissance du groupe, qui contrôle déjà de vastes pans des territoires syriens et irakiens. Le Conseil invite les Etats membres de l'ONU à «prêter un concours actif au nouveau gouvernement en vue de vaincre Daech», Ansar Al Charia et les autres groupes extrémistes alliés à l'EI ou Al Qaïda et opérant en Libye. Selon M. Kobler, ce gouvernement pourra «demander des exemptions à l'embargo sur les armes» imposé par l'Onu à la Libye car «l'armée régulière a besoin d'armes». Il pourra aussi inviter l'Union européenne à étendre aux eaux territoriales et aux côtes de la Libye l'opération navale qu'elle a déployée en haute mer pour intercepter les navires chargés de migrants et lutter contre les réseaux de passeurs.