La 19e tripartite qui s'est tenue dimanche dernier a avalisé finalement un seul projet. Celui portant sur le départ à la retraite, fixé désormais à 60 ans. Beaucoup d'observateurs s'attendaient à l'examen des dossiers aussi importants que stratégiques, entre autres le code du travail, la prise en charge des allocations familiales, les mesures de soutien aux investisseurs et la privatisation des entreprises publiques. Mais, le gouvernement s'est focalisé surtout sur la question de la retraite en Algérie. Les deux autres points inscrits à l'ordre du jour, à savoir le nouveau modèle de croissance économique et l'investissement révélaient de politique générale de développement et d'objectifs imprécis à atteindre. A la lecture du communiqué final des travaux de cette réunion, on comprendra bien que le gouvernement a voulu à tout prix passer sa réforme du système de retraite en l'adossant à des questions moins préoccupantes pour l'heure actuelle. Il cherchait en réalité la caution des organisations patronales et syndicales, d'autant plus que cette fois-ci la participation a été élargie aux syndicats autonomes, dont le Snapap qui a été représenté par Belkacem Felfoul. Sachant que le sujet de la retraite concerne une large frange de la société, l'Exécutif n'a pas voulu certainement susciter le mécontentement de l'opposition du monde du travail. Mais, l'interrogation demeure posée. Pourquoi cet empressement et toute cette subtilité dans le changement du système de retraite ? L'intervention, hier, du DG de la sécurité sociale au ministère du Travail apporte quelques éléments de réponse. En effet, Djawad Bourkaïb a soutenu qu'un employé ne pourra plus ouvrir droit à un régime de retraite avant l'âge légal de 60 ans. Il appuie son propos en faisant savoir que la continuité du financement de la retraite est carrément en jeu si la tripartie n'avait pas pris cette décision de revenir à l'âge de 60 ans pour tout salarié prétendant bénéficier de la retraite. Le départ «précoce» des personnes actives entraîne, selon lui, des versements de pension pendant une durée assez longue. Ils sont 830 000 travailleurs qui partent chaque année à la retraite. La CNR verse, chaque année, 770 milliards de dinars sous forme de pensions à environ 1 600 000 retraités, dont plus de 50% ont quitté leur emploi avant l'âge de 60 ans. Le gouvernement a voulu donc mettre un terme à un système de retraite qui devient insoutenable surtout depuis la baisse des recettes pétrolières. A plusieurs reprises, le Trésor public intervenait pour renflouer les caisses de retraites et même celles de la sécurité sociale (Cnas et Casnos). Le relèvement des pensions, une démarche qui était dictée beaucoup plus par des considérations sociales surtout pour les personnes qui n'avaient pas suffisamment versé de cotisations. Cette politique de soutien n'est plus possible aujourd'hui. Et la persistance de la chute des revenus pétroliers va peut-être même bousculer les autres organismes publics bénéficiant jusque-là de l'aide de l'Etat, alors qu'ils devaient être logiquement autonomes. A la lumière de ces données, on saisira que la question de la révision du code du travail, la fixation de grandes lignes en matière d'investissement par des actions concrètes et bien d'autres chantiers ne pouvaient pas y figurer dans l'agenda de la tripartite. L'urgence était surtout de mettre un terme à la retraite sans condition d'âge. Le reste, on verra plus tard.