Argel de la Havana, ce soir à Alger: Quand le Gnaoui se mêle au combo Argel de la Havana est une réécriture algérienne de la musique afro-cubaine. C'est le fruit d'une rencontre entre deux musiciens d'univers différents à savoir Amazigh Kateb et Javier Campos Martinez à l'occasion d'un voyage collectif, informel qui fut organisé en juin 2015. " Parti à Cuba pour une quinzaine de jours avec un collectif de photographes, vidéastes, écrivains et peintres dans le cadre d'une exposition intitulée Tropic du Cancer, tenue au musée du Bardo à Alger, j'étais le seul musicien parmi eux. Cette exposition était le pendant photographique de ce projet et Argel de la Havana, le pendant musical du projet " a expliqué Amazigh Kateb récemment lors d'un point presse tenu à l'Hotel Hilton à Alger. Le travail réalisé à l'occasion de ce projet fut d'approcher la musique traditionnelle afro-cubaine qui est un peu l'équivalent du Gnaoui en Algérie, avec une vision algérienne, maghrébine et africaine. " Il y a un genre musical dans le répertoire afro-cubain qu'on appel le Combo ou (Kombo). On a choisi quelques pièces de ce répertoire qu'on a algérianisé, gnaouisé, chaâbisé, traité avec une autre grille de lecture musicale. Le résultat est surprenant " a indiqué Amazigh Kateb en soulignant la forte ressemblance entre les deux musiques. " Il y a une espèce de continuité, une colonne vertébrale identitaire qui se dégage à la fois du Gnaoui et du Combo " a t-il soutenu. Par ailleurs, l'interprète de Douga Douga s'est exprimé sur le lien historique de l'Algérie avec Cuba. " On a un lien réel avec la culture cubaine sans parler des liens historiques, je dirais même vitaux pour l'Algérie d'aujourd'hui qui est à mon sens en crise d'amnésie via une certaine époque, celle qui fut verticale, révolutionnaire, celle qui a fait la fierté de l'Algérie au sein de l'Afrique… et Cuba a été aux cotés de l'Algérie à cette époque là, en ramenant ses médecins et ses enseignants dans l'intérêt des algériens " a-t-il regretté et de poursuivre " Aujourd'hui, on a tendance à regarder vers l'occident, l'Algérie est devenue un pays ultra capitaliste avec pas beaucoup de balises sur ce capitalisme. Cette expérience artistique avec Cuba me renvoie vers une Algérie que j'aime, à des positions que j'aime, à une verticalité qui me manque ". En outre, et pour marquer cette collaboration entre les deux cultures, Amazigh Kateb a révélé que ce projet sera couronné par l'enregistrement d'un Album''live'' au courant de l'année en cours. " On a prévu de faire un maximum de concerts en Algérie, en France et ailleurs pour maturer le projet de façon à obtenir un répertoire live car ce n'est pas une musique qui s'enregistre en studio" fera savoir le leader des Gnaoua Diffusion. Selon lui, Argel de la Havana est la rencontre de deux Afrique virtuelles. Une au Caraïbe, qui géographiquement n'est pas l'Afrique, et l'autre, une Afrique complètement cachée représentée par la musique Gnaoui. " Il y a une africanité cachée en Algérie qui apparaît un peu plus dans le sud de l' Algérie. A Alger, on est plus tourné vers la méditerranée. Une formation variée La ressemblance avec la métropole occidentale est frappante plus que l'empreint africain…et c'est autour de cette identité, africanité du Maghreb, de l'Algérie que je travaille depuis 25 ans " a indiqué le chanteur. La musique d'Argel de la Havane, se joue avec des percussions cubaines et algériennes. On y trouve les tambours Batá (le père, la mère et le fils), très riche dans la composition rythmique puisqu'ils se jouent des deux cotés, donc à six mains. Les Congas, les Bongos, les claves, Les Chékérés font aussi partie des percussions classiques cubaines. Du côté algérien, on y trouve, les Karkabous, le Guembri, le Mandole, le Banjo, le Oud (luth), le Bendir et la Derbouka. Une sonorité plurielle qui invite à une évasion forcée. Les morceaux sont aussi chantés en Yoruba (langue parlée en Afrique) mais aussi en arabe. " Vous entendrez les cubains dire garab garab ya lâagrab " a lancé Amazigh. Pour les musiciens qui participent à cette belle aventure, on trouve Amazigh Kateb au chant (arabe et espagnol) et au Guembi, Mohamed Abdennour alias P'tit Moh au Mandole et au Banjo, Amar Chaoui aux percussions et Rabah Hamrene au Luth et au Mandole. Pour la partie cubaine, il y aura Javier Campos Martinez, maître Tambour, Sebastian Quezada aux diverses percussions, Yaié Ramos Rodriguez au chant et aux percussions, Pedro Barrios et Jeremie Nassif au tambour Bata et Conga.Le fils de Kateb Yacine, a profité de cette occasion pour lancer un appel au ministère de la culture afin de " désenclaver l'action culturelle à l'intérieur du pays là où la demande de spectacles artistiques est très grande. Il faut diffuser les projets qui se font sur l'Algérie à l'intérieur et à l'extérieur du pays ". " L'Algérie a besoin de s'ouvrir et de s'universaliser, de se mettre en relief" À t-il conclu. La formation donnera probablement aussi un concert le 28 juillet prochain, à Oran.