Le mois de Ramadhan est synonyme de piété, de générosité et de solidarité avec les pauvres et les nécessiteux. A Tlemcen, à l'instar de toutes les régions du pays, les bienfaiteurs ne dérogent pas à cette vertu humaniste et hospitalière. Malheureusement, certains exploitent cette bonté exceptionnelle des algériens et usent de tous les artifices pour en profiter. On les retrouve devant les mosquées, à l'entrée des magasins et aux quatre coins des grandes artères de la ville pour demander l'aumône. Leur nombre ne cesse d'augmenter et comme par magie, il décuple durant le mois sacré. Chacun a sa méthode. Les uns exhibent une ordonnance médicale, d'autres simulent un handicap et les femmes traînent des bébés à longueur de journée, surtout en cette période caniculaire. Elles ne sont inquiétées ni par les services de police et encore moins par ceux en charge de la protection de l'enfance car on est en présence de cas flagrants d'exploitation des enfants et d'atteinte à leurs droits les plus élémentaires. Même si la mendicité est considérée par les sociologues comme un phénomène universel qui a toujours existé, à Tlemcen en particulier et en Algérie en général, elle a pris des proportions inquiétantes. Elle est devenue un fonds de commerce pour certains. Elle s'est professionnalisée et il est très difficile de distinguer le vrai du faux mendiant. «Deux fois par jour, ces pseudo-mendiants me ramènent chacun entre 6000 et 8000 dinars de monnaie pour les échanger contre des billets», affirme sarcastiquement un pharmacien du centre-ville. Cela prouve que certains ont trouvé dans la mendicité un moyen de s'enrichir au détriment de la générosité et la bonté des citoyens dont leur seul souci est de venir en aide à des personnes en détresse ou dans le besoin. D'après certaines indiscrétions, certains faux mendiants sont organisés en groupes et logent sous le même toit, celui du «parrain», comme c'est le cas d'un individu notoirement connu sur la grande place de la ville et qui a sous sa coupe plusieurs mendiantes. Ces faux indigents se mêlent donc aux vrais nécessiteux et le bienfaiteur ne sait plus s'il aide un pauvre ou au contraire s'il encourage la mendicité par sa générosité. C 'est un véritable dilemme auquel est confronté quotidiennement le citoyen en l'absence des services concernés et censés combattre ce fléau, de surcroît puni par loi. Syriens et africains adoptent aussi la même stratégie après avoir refusé toutes les structures que les autorités locales leur sont réservés. Il est temps que les responsables se penchent sérieusement sur ce phénomène qui ternit l'image de nos villes et fait croire aux touristes que la misère bat son plein en Algérie. Ce qui n'est pas vrai.