La Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH) relance l'épineux dossier des disparus de la décennie noire. Alors que son président Farouk Ksentini claironne depuis des années que le dossier était clos, voilà que la commission, qui dépend de la présidence de la République, le rouvre. Mieux encore, dans son rapport annuel sur la situation des droits de l'homme en Algérie pour l'année 2015, la CNCPPDH exprime son soutien aux familles des disparus dans leur quête de vérité. Soulignant que la charte pour la paix et la réconciliation nationale a permis la régularisation de la majorité des familles des disparus, la Commission relève qu'il reste des familles qui refusent de s'inscrire dans cette démarche. «Cette position mérite respect et compréhension», a-t-elle affirmé, avant d'apporter «son soutien à ces familles dans leur quête de vérité sur le sort de leurs enfants, époux et pères disparus dans les terribles conditions vécues par notre pays dans sa lutte contre le terrorisme». Ces familles qui se battent depuis des années pour connaître la vérité ne désespèrent pas. Chaque mercredi, elles tiennent des rassemblements devant le siège de la CNCPPDH. Elles l'ont encore fait hier pour demander la vérité, la justice et la réparation. Les mères des disparus meurent les unes après les autres sans avoir aucune idée sur le sort de leurs enfants et époux. Le rapport de la Commission les conforte un peu et leur redonne une lueur d'espoir. «Nous espérons que le rapport sera suivi d'effet, surtout que la commission appelle à l'instauration d'un dialogue entre les pouvoirs publics et les familles des disparus», réagit un représentant des familles des disparus (voir entretien). En effet, la CNCPPDH qui opère un virage de 360° par rapport à ce dossier, recommande l'instauration, par les pouvoirs publics, «d'un dialogue dans une ambiance sereine et apaisée avec ces familles». «Le respect de la douleur de ces familles exige l'instauration diligente d'un tel dialogue aussi franc qu'empreint de sérénité et de sincérité», explique la commission sans expliquer les raisons du changement de sa position par rapport à la question des disparus. Ce dialogue servirait, selon la Commission, à produire à chaque famille «l'ensemble du dossier relatif aux recherches entreprises par les différents services de sécurité relevant des départements ministériels en charge de l'intérieur et de la défense nationale ainsi que des actions engagées par le ministère de la Justice sur la disparition de leurs proches». Dans le même rapport, la commission de Ksentini appelle les pouvoirs publics «à donner toutes les explications nécessaires et suffisantes aux interrogations de ces familles et de leur porter aide et assistance». Anticipant toute déviation de la cause, la CNCPPDH soutient qu'un tel dialogue devrait avoir lieu «loin de toute surenchère ou exploitation politique par une quelconque institution étatique ou association non gouvernementale».