Dans un communiqué rendu public jeudi passé, le collectif des familles de disparus (CFDA) prévoit, mercredi prochain, un rassemblement devant l'ambassade d'Algérie à Paris. Le collectif, qui organise ces rassemblements depuis 12 années devant le siège de la commission nationale de défense et de promotion des droits de l'homme (CNCPPDH), réagit ainsi à l'interdiction de ces rassemblements depuis le 4 août par la police. Dans ce communiqué, les représentants des familles de disparus dénoncent également «la violence et les arrestations opérées par les services de police», précisant que «le dispersement opéré avec une violence inouïe s'est soldé par l'arrestation de proches de disparus mais également de militants des droits de l'homme». Le CFDA dénonce aussi, «les prises de position de Farouk Ksentini (CNCPPDH) qui aurait, selon le communiqué, «reconnu devant la presse avoir lancé lui-même l'interdiction du rassemblement, affirmant que les familles de disparus ont dépassé les limites». Les familles en question, note le communiqué «restent ainsi sans recours face au mépris et à l'arbitraire». Le collectif qui souligne son inquiétude face à l'interdiction formulée et exécutée par les forces de sécurité affirme que la démarche «confirme que l'Algérie a encore un long chemin à parcourir pour parvenir à une solution juste et adéquate à la question des disparus. Malgré les innombrables démarches constructives des associations de familles de disparus, l'Algérie en est toujours au stade du déni et de l'amnistie des criminels au détriment de la vérité et de la justice», précisant pour finir que «les autorités refusent catégoriquement de mener des enquêtes sur le sort des disparus». Maître Farouk Ksentini : «Je n'ai rien dit du tout !» Le président du Comité national consultatif de promotion et protection des droits de l'homme (CNCPPDH) se dit scandalisé par les propos contenus dans le communiqué. «Ces accusations sont gratuites», nous a-t-il affirmé, ajoutant que «ces déclarations sont malhonnêtes et cachent des intentions de porter préjudice à ma personne». Réagissant à propos des déclarations qu'il aurait faites à la presse à travers lesquelles il aurait lui-même interdit le rassemblement, M. Ksentini affirme qu'il n'a rien dit de pareil. «Je n'ai rien dit du tout», a-t-il indiqué, en précisant qu'il n'a «aucun pouvoir» lui permettant de réquisitionner les forces de sécurité. Sur un autre volet, le président de la CNCPPDH rappelle que les statuts de l'organisme qu'il dirige ne le forcent pas à s'occuper des familles des disparus. «Notre organisme revêt un caractère consultatif», dit-il, ajoutant qu'il est «indigné» par la teneur du communiqué. Tenant à faire la lumière sur certains aspects liés à la question des disparus, il nous précise que «la question des disparus a été close (article 46 ou 47 de la charte de la réconciliation nationale) et son évocation est interdite». Faisant montre de solidarité envers ces familles, Me Ksentini rappelle que l'organisme qu'il dirige a pris parti : «j'ai fait des efforts pour leur obtenir des indemnisations qui oscillent entre 95 et 96%», a-t-il signalé. Lors de notre entretien, le responsable de la commission nationale des droits de l'homme révèle que «certains responsables du mouvement tentent de manipuler les familles afin d'en tirer des dividendes». Il indique que «des subventions leur sont versées par des ONG et par certains organismes activant sous l'égide de l'Union européenne. Les responsables en question qui craignent de perdre ces subventions maintiennent la pression». Interrogé sur le rassemblement projeté par les familles à Paris, Ksentini lança : «Qu'elles le fassent, mais autant vous dire que les familles des disparus sont en Algérie et non en France».