Devant les inquiétudes exprimées par les travailleurs en attente actuellement d'une réponse à leurs dossiers relatifs à la retraite proportionnelle et sans conditions d'âge, la Caisse nationale des retraites (CNR) affirme continuer à recevoir les dossiers. «La Caisse n'a reçu aucune instruction pour geler les dossiers de départ à la retraite proportionnelle et sans conditions d'âge», a indiqué une source de la direction générale de la CNR à l'APS. Elle ajoute que la CNR «continue de recevoir et liquider les dossiers liés à la demande de départ à la retraite proportionnelle et sans conditions d'âge». Mais, contrairement à la caisse qui affirme continuer à réceptionner les dossiers, la direction générale de la Fonction publique a émis une instruction, signée conjointement par son directeur général et le ministre du Travail, en vue d'éviter toute éventuelle perturbation qui pourrait entraver l'application de la décision de la dernière tripartite, relative à la suppression de la retraite proportionnelle et sans conditions d'âge. L'instruction, reprise par la presse, demande aux entreprises du secteur public et à l'ensemble des administrations de geler l'étude des dossiers de demande de départ à la retraite proportionnelle et sans conditions d'âge. Ce gel, explique cette instruction, permettra de prendre les mesures nécessaires afin d'éviter tout impact négatif sur le bon fonctionnement du service public et l'équilibre financier de la CNR. Lequel équilibre a été vanté il y a moins d'une année par le directeur général qui avait soutenu que la crise économique ne menaçait pas la CNR. Cette dernière peut continuer à verser les pensions des 1,7 million de bénéficiaires et même celles des futurs retraités dans les prochaines années. Mais, il semble que les demandes de départ en retraite proportionnelle et sans conditions d'âge connaît une forte hausse ces dernières années à tel point que sur 10 demandes de départ à la retraite, 7 relèvent de cette forme de retraite. Dans le seul secteur de l'éducation, le nombre des départs à la retraite anticipée des enseignants a atteint 96% du nombre total (des départs à la retraite) pour l'année 2016, avait relevé la ministre de l'Education nationale Nouria Benghebrit. La réglementation en vigueur, a expliqué la ministre, autorise les enseignants hommes à faire valoir leurs droits à la retraite anticipée après 20 ans de cotisations et 50 ans d'âge, et 15 années de cotisations et 45 ans d'âge pour les femmes. Les travailleurs de l'éducation, du moins ceux affiliés au Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), appellent l'ensemble des organisations syndicales et le mouvement associatif à s'unir contre tout ce qui touche à l'atteinte des droits et des acquis des travailleurs. Le syndicat s'inscrit avec les autres syndicats dans tout éventuel mouvement de protestation pour bloquer ce projet. Il considère que le gouvernement, à travers ces mesures, fait dans le bricolage, dans l'absence de vraies mesures alternatives et de réformes à long terme dans tous les secteurs. Lors de la réunion de la dernière tripartite (gouvernement-centrale syndicale-organisations patronales), le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait affirmé qu'il a été convenu entre les partenaires de la tripartite de fixer l'âge de départ à la retraite à 60 ans. M. Sellal avait annoncé qu'un nouveau projet de loi modifiant l'ordonnance 97-13 instituant le départ à la retraite sans condition d'âge allait être élaboré. Il avait précisé qu'une commission allait être mise sur pied pour étudier ce projet de loi qui fixe l'âge de départ à la retraite à 60 ans par souci d'«équité et de préservation des capacités de la Caisse nationale des retraites».