Le projet de loi visant à placer l'Algérie, le Maroc et la Tunisie dans la liste des pays sûrs, adopté le 13 mai dernier par les députés allemands, n'est pas apprécié par la deuxième chambre du Parlement. Le Bundersat (sénat allemand) a reporté le vote de ce projet, qui a suscité la polémique, voulant interdire aux ressortissants des trois pays de l'Afrique du Nord de bénéficier du droit d'asile au 8 juillet prochain. La décision du report est prise en raison de l'opposition des Verts, majoritaires au sein de la deuxième chambre, qui contestent le projet du gouvernement de la chancelière Angela Merkel, proposé dans le sillage des évènements de fin d'année à Cologne. Selon les médias allemands, les Verts justifient leur rejet du texte en raison des discriminations envers les homosexuels, des atteintes à la liberté d'expression et des cas de torture enregistrés dans ces trois pays. La décision du Bandersat redonne de l'espoir aux personnes concernées par l'expulsion et met les dirigeants des trois pays dans une posture peu confortable au moment où les conditions de vie de leurs peuples est en débat au sein du Parlement allemand. Elle freine le processus d'expulsion des migrants clandestins dans ce pays enclenché depuis l'agression de plusieurs femmes à Cologne, le 31 décembre 2015, dans laquelle des Algériens sont impliqués. En visite officielle en Allemagne, le 12 janvier dernier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a été informé par la chancelière allemande Angela Merkel de la volonté des autorités allemandes de renvoyer les ressortissants algériens déboutés d'asile En conférence de presse conjointe avec Sellal, Angela Merkel a exprimé son souhait que «les ressortissants algériens déboutés du droit d'asile en Allemagne soient renvoyés plus rapidement dans leur pays». Elle a souligné que l'accord censé organiser leur retour en Algérie existe sur le papier, «mais il faut faire en sorte qu'il fonctionne de manière appropriée». Les deux responsables ont convenu «d'une meilleure coopération sur le sujet entre les deux pays, notamment sur le plan policier». Le 26 mais dernier, le directeur général de la police fédérale allemande, Dieter Romann, a effectué une visite à Alger durant laquelle il s'est entretenu avec le directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel. Ce dernier a affirmé que «la police algérienne est disposée à coopérer avec la police allemande afin de trouver une solution au problème des Algériens installés clandestinement en Allemagne». M. Hamel a précisé qu'il s'agit d'une «solution sur le plan technique» qui porte sur une réadmission, soulignant qu'il y a des accords dans ce sens qu'on «doit respecter». En attendant le dernier mot de la chambre haute du Parlement allemand, les Algériens établis illégalement dans ce pays doivent prendre leur mal en patience. Plusieurs d'entre eux auraient rejoint l'Allemagne ainsi que d'autres pays européens durant les deux dernières années, profitant des vagues de migrants fuyant la guerre dans leur pays, à l'instar des Syriens, provoquant une véritable crise migratoire dans le Vieux continent.