Berlin veut en finir avec «ses» clandestins algériens et Alger accepte de coopérer pleinement à leur rapatriement. Le sujet a été déjà abordé lors de la visite en janvier dernier de notre Premier ministre en Allemagne où la chancelière Merkel, durement confrontée aux événements de la Saint Sylvestre de Cologne, avait clairement demandé à Sellal de s'occuper sérieusement des sans-papiers algériens en Allemagne. Steffen Seibert, porte-parole de la chancellerie, était revenu sur cette question indiquant qu'il existe «un accord de rapatriement» mais que «dans la pratique, il reste des cas problématiques», rappelant les discussions bilatérales avec l'Algérie qui doit étudier quelque 2300 dossiers puisque Sellal, tout en condamnant les violences de Cologne, a fait savoir qu'avant tout renvoi en Algérie, «il faut naturellement s'assurer qu'il s'agit bien d'Algériens». Si aucune communication officielle n'avait été faite à ce sujet, gageons que des garanties ont été données par Alger pour prendre en charge cette question et accélérer l'expulsion de ses sans-papiers. Ce jeudi, le directeur général de la Sûreté nationale, le général major Abdelghani Hamel, a confirmé la coopération de son institution avec son homologue allemande. «La police algérienne est disposée à coopérer avec la police allemande afin de trouver une solution au problème des Algériens installés clandestinement en Allemagne», a-t-il indiqué à l'issue de l'audience accordée au directeur général de la police fédérale allemande, Dieter Romann, précisant la nature «technique» de cette solution. Le DGSN a évoqué la «réadmission» des clandestins algériens établis en Allemagne, rappelant les accords en vigueur «à respecter». La chancelière allemande avait plaidé l'accélération du renvoi vers leur pays des ressortissants algériens déboutés du droit d'asile en Allemagne, mais le problème qui se pose est de les détecter. Une fois arrivés en Allemagne par les filières turques et grecques, les Algériens se débarrassent de leurs papiers essayant de se faire passer pour des Syriens ou des Irakiens pour bénéficier du droit d'asile. Pour mettre le droit de son côté, Berlin a placé l'Algérie, tout comme ses deux voisins le Maroc et la Tunisie, sur la liste des pays «sûrs». Les autorités allemandes, qui se sont toujours plaints du peu d'efficacité de ces accords, sont passés à l'acte, en février dernier, sous couvert de la lutte antiterroriste, lors d'une descente grandeur nature de la polizei allemande contre la communauté algérienne soupçonnée de connivence avec Daech. Débarrassés de la bienveillance politique de Merkel, les Algériens en situation irrégulière en Allemagne savaient que leurs jours étaient comptés dans ce pays surtout après l'épisode de Cologne. La nuit du Nouvel An, des agressions dont une grande partie à caractère sexuel ont été enregistrées. Premiers accusés, des ressortissants nord-africains en situation irrégulière. Conséquences directes de ces événements que certains pensent avoir été prémédités, la décision de la chancelière allemande de refuser dorénavant le statut de réfugié politique aux Algériens, Marocains et Tunisiens. Si la formule consacrée, plus diplomatique, est de rendre l'Allemagne moins attractive, la vérité c'est que Merkel, critiquée sur le dossier des réfugiés, de l'intérieur même de sa famille politique, avait besoin d'un prétexte pour déclencher la machine à expulsion. L'Autriche suivra quelque temps plus tard. Le quitus d'Alger lui donnant la légitimité internationale, le sort des Algériens demandeurs de l'asile politique est définitivement scellé. Les descentes de la police allemande étaient, à s'y méprendre, un message direct adressé aux seuls Algériens pour leur faire comprendre qu'ils sont indésirables. Les résultats mêmes des perquisitions, certaines ciblant symboliquement des centres d'accueil, n'ont rien donné trahissant par là l'aspect éminemment politique de l'action policière.