La baisse des recettes pétrolières et gazières ne fera qu'accentuer les difficultés de Sonatrach à investir, notamment dans le domaine du raffinage. De quatre, le nombre de raffineries que l'Algérie compte réaliser pour réduire la facture d'importation des carburants risque d'être revu à la baisse pour se limiter à deux seulement. Avec cette nouvelle donne, les promesses des ministres successifs en charge du secteur de l'Energie risquent de ne pas être tenues avant 2019 au plus tôt. Cette appréhension a été exprimée hier par l'expert en énergie et ex-PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, qui a estimé que le programme de Sonatrach d'installer quatre raffineries à travers le territoire national risque fortement d'être compromis, vu la baisse de ses rentes et donc la revue à la baisse de son plan d'investissement. Selon les prévisions de l'ancien patron de la compagnie nationale des hydrocarbures que nous avons joint par téléphone, ce n'est pas demain la veille. «Le programme d'implantation des raffineries sera réduit de moitié.» Quant aux délais de réalisation, l'expert avance que «pour qu'une raffinerie soit opérationnelle, il faudrait au moins trois ans de travaux, ceci si on considère que toutes les études sont déjà faites. Ainsi, si on commence maintenant, ces deux raffineries ne seront mises en service qu'en 2019», a-t-il expliqué. Ces derniers jours, et en vue de répondre à la demande en produits dérivés du pétrole durant la saison estivale, Sonatrach a lancé un avis d'appel d'offres international pour importer 300 000 tonnes de gasoil et 390 000 tonnes d'essence pour les mois de juillet et août. Les raffineries qui seront maintenues seront celles de Tiaret et de Hassi Messaoud. La première sera spécialisée dans la production des lubrifiants. Outre les mesures de renforcement des moyens de raffinage, le gouvernement a fait en sorte de renforcer le contrôle aux frontières pour traquer les hallaba, (les contrebandiers spécialisés dans l'essence) et l'augmentation des prix des carburants à l'essence. Des mesures qui n'ont vraisemblablement pas suffi puisque les besoins n'ont pas été ramenés vers le bas. Dans une déclaration faite par l'ex-ministre de l'Energie, Salah Khebri, il est dit que la consommation nationale en carburant a augmenté de 6,6% durant la période allant de 2010 à 2015. Selon l'ancien ministre, cette augmentation se justifie par la hausse du parc automobile qui a atteint 6 millions de véhicules. Pour faire face à une telle demande, il a fallu importer quelque 3,3 millions de tonnes pour une valeur de près de 2 millions de dollars. Quant à la production annuelle de l'Algérie en produits pétroliers raffinés (essence, gasoil et autres), elle est passée de 24 à 30 millions de tonnes avec la réhabilitation des raffineries de Skikda, Alger et Arzew. Au départ, le ministère de l'Energie prévoyait que la production atteindrait 45 millions de tonnes par an à l'horizon 2024 à la faveur de l'entrée en service des raffineries de Hassi Messaoud, Tiaret et Biskra. Mais avec la crise financière et le rétrécissement des investissements dans le domaine des hydrocarbures, Sonatrach va certainement mettre de l'eau dans son… mazout.