La stratégie énergétique de l'Algérie à l'horizon 2030 s'articule autour de l'augmentation de la production et de la rationalisation de la consommation, a affirmé, lundi, le ministre de l'Energie, Salah Khebri. Intervenant sur les ondes de la radio nationale, le ministre a assuré que les investissements dans le secteur de l'énergie seraient "poursuivis normalement en dépit de la baisse des prix du brut et des revenus financiers du pays". Même dans l'hypothèse d'insuffisance des ressources financières de Sonatrach pour réaliser ses investissements, ce groupe public dispose de deux solutions alternatives, a-t-il avancé. En effet, a-t-il expliqué, la compagnie, qui n'a "aucune dette externe" jusqu'à présent, peut "recourir à l'endettement extérieur à l'instar de ce que font les grandes compagnies pétrolières, ou bien s'appuyer sur le partenariat". A ce propos, il a fait remarquer que le partenariat ne représente que 4% des investissements de Sonatrach dans le domaine minier. "Nous n'avons pas le choix, nous sommes dans l'obligation d'augmenter nos capacités de production pour garantir une indépendance énergétique à long terme au moment où la demande nationale sur l'énergie augmente sans cesse", a-t-il expliqué. La consommation énergétique du pays est passée de 30 millions de tonnes équivalant pétrole (TEP) en 2000 à 58 millions TEP en 2015, a-t-il rappelé. Un appel d'offres international, le cinquième du genre, sera lancé pour la sélection des investisseurs intéressés par l'exploration et la production d'hydrocarbures, a aussi fait savoir M. Khebri. Pour faire face à ses besoins croissants, l'Algérie s'est aussi engagée dans une stratégie de diversification de ses ressources énergétiques. Sachant que l'électricité est produite en Algérie exclusivement à partir du gaz naturel, le pays pourra, grâce à la diversification énergétique, économiser 300 milliards m3 de gaz naturel d'ici à 2030, des ressources qui seront alors utilisées dans des industries de transformation, a soutenu le ministre. Un appel d'offres national et international sera bientôt lancé par le ministère pour sélectionner les investisseurs devant concrétiser ce projet. Mieux encore, l'Algérie réfléchit à produire de l'électricité à partir de l'énergie nucléaire à l'horizon 2030. "En plus du solaire, nous ambitionnons également d'arriver à l'électronucléaire à l'horizon 2030. Nous avons demandé à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de nous aider en matière de formation", a-t-il indiqué en précisant que cette question a été abordée, lundi, avec le Directeur général de l'AIEA, Yukiya Amano, en visite à Alger. Quant à la politique gazière du pays, elle se focalise, à son tour, sur l'augmentation de la production et la préservation des parts de marché des exportations algériennes sur le marché mondial, sur fond d'abondance sans égal de l'offre, a-t-il observé. Par ailleurs, un nouveau projet, baptisé Boosting 3, visant à renforcer la production à partir du champ gazier de Hassi R'mel, fort de plus de 2.500 milliards de m3 de réserves récupérables, est en cours d'études et devrait être entamé en 2019, selon le ministre. Pour ce qui concerne la pétrochimie, l'entrée en production de trois nouvelles raffineries (Tiaret, Hassi Messaoud et Biskra), entre 2020 et 2024, devra permettre à l'Algérie de passer du statut d'importateur des produits énergétiques raffinés à celui d'exportateur. Avec une production nationale de 30 millions de tonnes/an de ces produits actuellement, l'Algérie n'arrive pas à répondre à la demande locale et importe annuellement pour 2 millions de tonnes de gasoil et un million de tonnes d'essence. Réduire le gaspillage Mais pour garantir l'indépendance énergétique pour les futures générations, la rationalisation de la consommation s'impose plus que jamais, a prévenu le ministre. En Algérie, pour produire 1.000 dollars de PIB, on consomme 0,25 Tep (tonnes équivalent pétrole) alors que la consommation est de seulement 0,09 Tep en Espagne et de 0,08 Tep en Italie pour 1.000 dollars de PIB, a-t-il comparé. Pour limiter cette déperdition énergétique, plusieurs mesures ont été mises en route à l'instar de l'augmentation des prix de l'électricité et des carburants depuis janvier dernier (Loi de finances 2016), l'obligation des administrations publiques d'utiliser des voitures GPLC ainsi que l'obligation de l'intégration du niveau de consommation énergétique dans l'élaboration des études économiques pour la réalisation des usines. A une question sur ses prévisions pour les cours de pétrole sur le marché international, M. Khebri s'est montré optimiste: "Les prix de brut augmenteront tôt ou tard. Cependant, même si l'on arrive à réduire l'offre, il va falloir attendre l'épuisement des stocks surabondants pour que les prix commencent à augmenter". Il a également indiqué qu'une réunion se tiendra en mars prochain, regroupant les producteurs Opep et hors Opep pour "confirmer le gel de la production pétrolière" qui a fait récemment l'objet d'un accord entre l'Arabie saoudite et la Russie.