La France, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie… Finalement c'est le Portugal qui a remporté l'Euro 2016 contre toutes les prévisions. Pourrait-on comparer son exploit à celui de la Grèce en 2004 ? Dans la forme oui, car personne ne voyait les Portugais vainqueurs, surtout après un premier tour poussif et laborieux au bout duquel ils ne se sont qualifiés aux huitièmes de finale que parmi les quatre meilleurs troisièmes de leur groupe. Mais dans le fond, il n'y a aucun parallèle à faire entre les deux nations. Si les Grecs ont réussi une prouesse sans lendemain, les Lusitaniens sont des habitués des grandes compétitions. Par manque de chance, ils ont souvent échoué aux portes de la consécration. Justement pour une fois, la chance les a accompagnés tout au long de ce tournoi, ils ne vont pas s'en plaindre ou gâcher leur plaisir. Ironie du sport, c'est l'équipe du Portugal la moins plaisante à regarder qui a mis un terme à une longue disette. Les Nani, Pepe, Moutinho, André Gomez, Rui Patricio et João Mário ont réussi là où des joueurs beaucoup plus doués comme Figo, Deco, Rui Costa, Paolo Futre, Baia, ou encore Joao Pinto ont échoué. Le Portugal a toujours été une terre de football. Les Lusitaniens le pratiquent avec amour, passion et romantisme. C'est aussi l'un des plus techniques sur le Continent. Ne les appelle-t-on pas, à juste titre d'ailleurs, les Brésiliens de l'Europe ? Sauf que leur penchant naturel pour le jeu individuel et leur manque de réalisme les ont toujours privés de consécrations au haut niveau. En somme, les joueurs portugais ont les défauts de leurs qualités. Pour une fois, le collectif et la rigueur tactique ont pris le dessus sur les individualités, le spectacle a pâti quelque peu, mais le résultat est là ! Si l'arrogance et l'aura de Cristiano Ronaldo et celles de José Mourinho ont permis aux Portugais de s'émanciper, ce premier titre européen va leur permettre de se décomplexer définitivement par rapport aux ténors européens et mondiaux. Il en appellera certainement d'autres.