A partir du mois de juin de l'année 2014, les réserves de change de l'Algérie ont commencé à se rétrécir pour tourner ces deniers mois autour de 116 milliards de dollars. Une tendance baissière qui, selon le Premier ministre Abdelmalek Sellal, se poursuivra encore l'année en cours et aussi en 2017. En affichant ce réalisme, Sellal qui effectuait jeudi une visite de travail et d'inspection dans la wilaya d'Oum El Bouaghi n'a, évidemment pas versé dans le pessimisme, au contraire. Le chef de l'Exécutif, qui s'exprimait devant les acteurs économiques et politiques ainsi que la société civile de cette wilaya de l'est du pays, a montré des signes de grand optimisme, en annonçant que le ciel sera dégagé sur les têtes des Algériens d'ici une année et demie. Selon les prévisions de Sellal, qui était en compagnie des ministres de l'Intérieur, de l'Industrie, de la Recherche scientifique, de l'Agriculture, de la Santé, de la Culture et de la Jeunesse et des Sports, a pris pour exemple l'état des réserves de change, lesquelles ne baisseront pas en-dessous des 100 milliards dollars américains (mds USD). «A fin 2016, nos réserves de change seront de l'ordre de 116 milliards de dollars US. Ils passeront successivement à 111 milliards USD et 109 milliards en 2017 et 2018», a pronostiqué Sellal, avant de rassurer que de toutes les façons «les réserves de change de l'Algérie ne baisseront pas en-dessous des 100 milliards USD». Depuis l'entame du recul des prix du pétrole en juin 2014, les réserves de change du pays ont connu une chute libre. Selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI), rendu public le 14 mars, les réserves de change de l'Algérie sont passées de 194 milliards de dollars en 2013 à 178 milliards en 2014 pour finir l'année 2015 avec 143 milliards. Une tendance qui, selon le Premier ministre, est en train d'être renversée avec la reprise de la production pétrolière. Se voulant encore une fois optimiste et rassurant, le chef de l'Exécutif prévoit que la fiscalité pétrolière passe à 30 milliards USD à fin 2016, contre 35 milliards en 2017 et 45 milliards USD en 2018. En dépit d'une situation financière difficile qui durera, selon le chef de l'Exécutif, jusqu'à fin 2017, «l'Etat n'imposera pas d'austérité à la population, mais fera dans la rationalisation des dépenses, notamment en termes de budgets d'équipement et de fonctionnement». «Pas d'austérité» Déclarant la guerre au gaspillage et à la mauvaise gestion, Sellal confirme le soutien de l'Etat à l'investissement dans les secteurs de l'agriculture et de l'industrie, lesquels sont en évolution et qui génère 3.5% de croissance en 2017 et atteindra 4% en 2018. Quant au taux d'inflation, il sera, d'après lui, de 4,7% en 2017 pour s'établir autour de 4% en 2018. Evoquant la loi de finances, le Premier ministre a confirmé les propos de son ministre des Finances, Baba Ammi, qui a récemment avancé que «l'Etat ne recourra pas à une loi de finances complémentaire cette année», soutenant que «la situation se stabilisera en 2018». Par ailleurs, Sellal s'est montré ferme envers ceux qui, de l'intérieur ou de l'extérieur du pays, tentent de nuire à la stabilité de l'Algérie, affirmant que l'Etat poursuivra sa politique économique et sociale. Toujours sur la question économique et plus particulièrement au sujet de l'emprunt obligataire, lancé en avril dernier, le Premier ministre a fait savoir qu'il a permis de collecter un montant de plus de 461 milliards de dinars. «Lorsque nous avions sollicité l'aide de nos concitoyens à travers l'emprunt obligataire, nous nous sommes fixés un seuil de 400 milliards de dinars, mais à l'heure où je vous parle, nous avons atteint le montant de 461,72 milliards DA, sans compter les 150 milliards DA promis par le Forum des chefs d'entreprise», a indiqué le Premier ministre. «Cela atteste la confiance des citoyens algériens en leur Etat et en leur président Abdelaziz Bouteflika», a estimé Sellal qui s'adressait à la population de la wilaya venus assister à l'inauguration d'une laiterie. Réalisation des projets d'investissement: La concertation avec les citoyens recommandée Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a annoncé jeudi à Batna la prise d'une décision portant sur la concertation des citoyens pour la réalisation des grands projets qui présenteraient un danger, aussi minime soit-il, sur la santé des populations. «Il est nécessaire et certain que nous allons prendre l'avis des citoyens pour la réalisation des projets», a-t-il déclaré lors de la mise en service du transfert des eaux du barrage de Beni Haroun vers la wilaya de Batna, ajoutant qu'une décision «a été prise pour prendre l'avis des citoyens» avant l'entame de tout projet susceptible de nuire à la santé des citoyens et à l'environnement. Il a ajouté que «des instructions ont été données aux walis pour préserver l'environnement», affirmant : «nous avons besoin de l'investissement, mais il est vital de conserver les terres qui ne sont pas adaptées à l'installation d'usines». Il a relevé que les citoyens «étaient mécontents et inquiets», affirmant : «Nous avons pris la décision au bon moment de délocaliser le lieu de cet investissement» (cimenterie). «Tous les investissements sont les bienvenus, mais pas au détriment de la santé de la population», a-t-il dit, ajoutant qu'il «n'est pas possible de créer 100 emplois pour tuer 10 000 personnes». D'un autre côté, les notables ont salué cette décision «courageuse» qui a permis de mettre fin, ont-ils dit, «à la construction de l'usine de la mort». De notre envoyé spécial à Oum El Bouaghi, Hafid Mesbah