Une course effrénée contre la montre a été engagée cette année par le ministère de l'Education nationale en vue d'assurer les 32 semaines de cours durant la prochaine rentrée scolaire. Mais à quel prix ? Selon des syndicalistes et des parents d'élèves, c'est «un nouveau chamboulement dans ce secteur». La raison est tout simplement liée au nouveau calendrier de 2016-2017 qui indique que la rentrée est fixée au 30 août pour le personnel administratif, le 1er septembre pour les enseignants et le 4 septembre pour les élèves. «Trop tôt», disent-ils, puisque «les mécanismes qui doivent accompagner cette précipitation n'ont pas été mis en place», dénonce Nabil Ferguenis, chargé de la communication à la fédération éducation du Snapap. Ce calendrier qui, faut-il le souligner, change chaque année, «ne peut pas arranger toutes les wilayas du pays», estime-t-il, puisque c'est une période de grande chaleur, notamment pour les régions du Sud dont les classes ne sont même pas dotées de climatiseurs. «Comment laisser un enfant de 6 ans, ou même tous les élèves des différents paliers, pendant huit heures de cours en classe, sous une chaleur atroce dépassant largement les 40°C ?», s'est demandé Nabil Ferguenis. Ce n'est pas tout. A peine ont-ils repris leur souffle de l'année scolaire 2015-2016, le staff administratif, les enseignants et les élèves ont été directement plongés dans les inscriptions qui, auparavant se faisaient au début du mois de septembre, soit juste après les vacances scolaires et quelques jours seulement avant la reprise des cours. «Après les examens de fin d'année et la deuxième session du baccalauréat, nous étions appelés, il y a dix jours, par la tutelle pour entamer les procédures d'inscription pour tous les élèves», nous fait savoir un adjoint d'éducation de la wilaya de Tizi Ouzou. En effet, en plus des élèves ayant réussi leurs examens de fin d'année, ce sont tous les écoliers qui ont dû s'inscrire en ce mois de juillet. En outre, juste après la fin de cette étape, les directeurs de l'éducation, les directeurs des établissements ainsi que le staff administratif sont appelés à préparer l'examen de promotion du personnel dont le dépôt des dossiers de candidature est fixé pour le 19 août, tandis que l'organisation du concours est prévue le 22 août. «Le personnel des établissements doit être automatiquement présent sur les lieux dès le 15 août pour préparer l'examen. L'encadrement et la surveillance doit se faire par eux également», a tenu à préciser le porte-parole de la fédération de l'éducation du Snapap. Du coup, l'effectif de l'éducation doit cette année faire l'impasse sur son mois de congé. «J'ai prévu de partir en vacances avec mes enfants, mais leur inscription ne nous le permet pas. En plus, mon fils qui a décroché son baccalauréat en a pour plusieurs jours pour achever ses inscriptions à l'université», s'est plaint un parent d'élève, enseignant dans une école primaire à Bouzaréah. Examens et Ramadhan… Par ailleurs, c'est la planification de l'examen du baccalauréat en fonction de la date du mois de Ramadhan qui irrite certains parents d'élèves. «Toute l'Algérie reste bloquée à cause du mois de Ramadhan. Rien ne fonctionne durant cette période et l'école aussi en est otage», s'est indigné un membre de l'Association des parents d'élèves de la wilaya d'Alger. Pour le syndicaliste du Snapap, «il est inadmissible de conditionner l'année scolaire au mois sacré». Notre interlocuteur pointe du doigt certains syndicalistes et personnels de l'éducation qui «imposent leur idéologie à la tutelle». «Le mois de Ramadhan ne peut en aucun cas déranger les candidats. Pour preuve, cette année, la deuxième session a eu lieu en plein mois sacré et tout s'est passé dans les meilleures conditions», a rappelé Nabil Ferguenis qui appelle à «prendre en exemple cette expérience pour les prochaines années».