La justice turque a remis en liberté quelque 1200 militaires qui avaient été arrêtés dans le cadre de l'enquête sur le putsch manqué, a annoncé hier le procureur d'Ankara. «Dans cette première étape, environ 1200 soldats ont été remis en liberté (...), il s'agit uniquement de soldats non gradés», d'après le procureur Harun Kodalak dans un communiqué publié dans les médias turcs. Environ 6000 ordres d'arrestation ont été émis, essentiellement contre des militaires et magistrats, en Turquie, au lendemain du putsch avorté, et les observateurs craignent une répression sévère de toute forme d'opposition. Obama et de nombreux autres responsables dans le monde ont invité le président turc Tayyip Erdogan à se conformer à la loi dans le dossier du putsch. Dans toute la Turquie, des coups de filet massifs ciblent les auteurs et les complices présumés du coup de force au sein de l'armée, mais aussi les fidèles du prédicateur Fethullah Gülen au sein de la magistrature. Le président Recep Tayyip Erdogan a désigné comme coupable cet imam septuagénaire exilé aux Etats-Unis, et réclamé son extradition. Le président américain a exigé à la Turquie des preuves sur la prétendue implication de ce prédicateur dans le putsch échoué. Les autorités turques sont prêtes à faire tout leur possible d'un point de vue de la loi et de la politique pour obtenir l'extradition de Fethullah Gülen, prêcheur musulman et opposant, résidant actuellement à Saylorsburg (Pennsylvanie, Etats-Unis), soupçonné d'avoir organisé le coup d'Etat avorté. Cette annonce a été faite par le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, dans une interview accordée à des médias locaux. Cavusoglu a également ajouté qu'Ankara envisageait de préparer tous les documents nécessaires ayant pour but l'accélération de l'extradition de Fethullah Gülen par les USA. Le prédicateur dément toute implication dans ce coup d'Etat mené dans la nuit du 15 au 16 juillet par des militaires turcs. Tandis que la communauté internationale craint l'enlisement de ce pays dans l'autoritarisme, suite à la tentative de coup d'Etat qui a frappé le pays la semaine dernière, la Turquie s'apprête à suspendre temporairement l'application de la Convention européenne des droits de l'homme. Ainsi, la Turquie se voit libérée des obligations établies par la Convention, indique Hurriyet citant le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus. Plus tôt dans la semaine, Recep Tayyip Erdogan a déclaré l'état d'urgence de trois mois. Par la même occasion, le gouvernement turc assure que ces décisions ne doivent pas influer sur le respect les libertés et les droits fondamentaux des citoyens. L'accord sur les réfugiés continue sans accrocs L'exécution de l'accord entre l'Europe et Ankara «sur les réfugiés continue sans accrocs en dépit du coup d'Etat en Turquie», a annoncé hier le ministre turc des Affaires européennes. Conclu en mars, cet accord a permis de tarir le flux de migrants en route vers l'Europe de l'Ouest. «Nous ne croyons pas que cela soit la fin de la route, c'est le moment d'engager un nouvel élan» dans les négociations d'adhésion à l'UE de la Turquie, entamées en 2005, a ajouté Omer Celik. Les purges qui ont suivi le coup d'Etat manqué du 15 juillet ont suscité de vives critiques européennes. Une polémique a éclaté opposant la Turquie à l'Europe autour des décisions prises par Tayyip Erdogan après le coup d'Etat avorté. Des milliers de militaires, magistrats et civils ont été arrêtés par les forces de l'ordre, accusés d'être des partisans du prédicateur musulman Fethullah Gülen.