Avant même qu'ils ne débutent, les Jeux olympiques de Rio de Janeiro vont être placés sous le signe de la lutte contre le dopage. Jamais depuis le lancement des Jeux olympiques de l'ère moderne, en 1896, il n'y a eu autant de bruit autour de ce phénomène. Le dopage et la triche dans le sport sont là, bien ancrés dans les mœurs, et en dépit de toutes les démarches entreprises, ils sont loin d'être éradiqués. On doit se poser la question de savoir si les autorités sportives veulent réellement cela. Le Comité international olympique a annoncé la semaine dernière que 45 nouveaux cas positifs ont été révélés après réanalyse d'échantillons prélevés lors des Jeux de Pékin en 2008 et Londres en 2012. Ils s'ajoutent ainsi aux cinquante-trois cas avérés lors de la première série de réanalyse (98 au total). Le CIO précise que les échantillons «présentaient des résultats anormaux provisoires pour 30 athlètes de Pékin et des résultats anormaux pour 15 athlètes de Londres.» On s'attendait à ce que l'instance olympique internationale sévisse de la plus dure manière qui soit. Faux espoir puisque des informations font état d'un simple avertissement lancé à tous ces athlètes dont on ne pourra pas connaître l'identité. Si c'est comme ça que le CIO espère bannir le dopage du sport, il est vraiment mal parti. Le CIO hésitant Dimanche, ce même CIO s'est prononcé sur la participation des sportifs russes aux Jeux olympiques de Rio accusés d'avoir trempé dans ce qui est qualifié de «dopage d'Etat», notamment lors des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi en février 2014. Le TAS de Lausanne avait débouté, jeudi, la demande en appel de ces athlètes qui s'en remettaient alors à la clémence de l'instance olympique qui a, finalement, décidé d'accorder une faveur à ces athlètes en leur permettant d'aller au Brésil. La Russie, ce n'est pas rien. C'est une des puissances sportives mondiales en termes de résultats sur les terrains de compétitions. La Russie, c'est de multiples champions et championnes olympiques et du monde, aussi bien sur le plan individuel que sur le plan collectif, celui des équipes. Sans les Russes, des disciplines comme l'athlétisme, la natation, le volley-ball, le basket-ball, le handball, la gymnastique, la boxe, le judo, le tae kwon do, l'haltérophilie et la lutte auraient perdu de leur saveur. L'agence mondiale anti-dopage (AMA) cherche à se montrer intransigeante et invite le CIO et les Fédérations sportives internationales à faire preuve de sévérité dans leur verdict. Elle se dit déçue de la décision du CIO de ne pas exclure les athlètes russes des Jeux de Rio. Elle souligne, également, qu'en interdisant à la lanceuse d'alerte russe, Yuliya Stepanova, qui a, tout de même, fait preuve d'un très grand courage pour révéler ce qui s'apparente au plus grand scandale sur le dopage de l'histoire, de participer à ces Jeux, même en athlète neutre, le CIO n'encourage pas d'éventuels lanceurs d'alerte à faire preuve, à l'avenir, du même courage. Mais l'AMA sait que trop d'argent est en jeu dans la balance. Le sport et ses différentes compétitions internationales représentent, aujourd'hui, un enjeu des plus lucratifs qui risque de décliner si les stars mondiales sont absentes de ces rendez-vous. Les instances sportives internationales donnent, ainsi, l'impression de vouloir s'attaquer au mal tout en se gardant de ne pas gêner leurs principaux sponsors, eux qui contribuent à les rendre plus riches. Merzougui n'est pas Sakho Dans la panoplie des sanctions prononcées à l'encontre des sportifs dopés, il y a une sorte de déséquilibre qui crée la polémique. Pour prendre l'exemple de notre pays, l'Algérie, le joueur Merzougui du Mouloudia d'Alger a été suspendu quatre ans pour avoir ingéré un médicament interdit, alors que le joueur français de Liverpool, Sakho, coupable d'avoir fait usage de brûleurs de graisse, produits interdits aussi, n'a rien eu. Sakho est un international français qui joue à Liverpool alors que Merzougui n'est qu'un anonyme joueur algérien. Il en est de même de la tenniswoman russe Sharapova, privée de compétition pendant deux ans pour avoir utilisé un produit qui mérite une suspension de quatre ans. Sharapova, qui est immensément riche, s'est entourée d'une armada d'avocats de renom pour défendre sa cause, et elle pourrait être blanchie, alors que Merzougui restera exclu du circuit sportif pour quatre longues années. Derrière Sharapova, les enjeux financiers sont énormes, alors que Merzougui ne représente pas grand-chose sur le plan médiatique. Elle est donc là, la réalité du terrain, à savoir qu'il existe des aspects d'ordre financier qui font que le dopage sera combattu, mais pas de façon systématique. Nous ne disons pas que ceux qui financent le sport encouragent le dopage. Loin de nous cette idée, mais le fait est qu'il existe une certaine réserve de la part des instances sportives internationales à prendre le risque de dévaloriser les compétitions qu'elles organisent en les privant de ceux et celles qui font le spectacle.