Au sein du FLN, la panique est générale. L'ex-parti unique vit depuis quelques jours, au rythme d'échanges d'accusations entre la direction et les opposants à Amar Saâdani dont les pro-Belkhadem, ainsi que le groupe des 14 moudjahidine ayant appelé à la destitution de l'actuel secrétaire général. Depuis le début du mois en cours, des communiqués et des motions de soutien affluent au siège du Front de libération nationale (FLN) à Hydra. De toutes les wilayas, on affiche «le soutien au frère Amar Saâdani», on dénonce «toute intrusion dans les affaires internes du parti», «les démarches irresponsables de certains aventuriers» ainsi que les «tentatives de déstabilisation». Les bureaux des mouhafadha de Biskra, Aflou, Dar El Beïda, Chelghoum Laïd, Tipasa, Boussaâda, Tiaret, Oran, Relizane, Taref et Aïn Defla, entre autres, ont volé au secours de leur patron aussitôt les sorties des redresseurs et du G14 reprises par les médias. Mais, paradoxalement, la direction du FLN, en l'absence de Saâdani officiellement en congé à l'étranger, avait minimisé l'importance des attaques. «Un non événement», selon Ahmed Boumehdi et Hocine Khaldoune, respectivement secrétaire général par intérim et chargé à la communication. Ce qui semble être un «non évènement» a pourtant mis en alerte maximale la base et les mouhafedh dont la majorité est nommée par Saâdani lui-même depuis son intronisation à la tête du parti. Et s'il y a une seule explication à ce vent de réaction, c'est bien la panique qui s'est emparée du quartier général du parti majoritaire au Parlement. D'abord, la sortie d'Abdelaziz Belkhadem, un vieux et fidèle parmi les fidèles de Bouteflika, président du parti. Puis, l'appel des moudjahidine (Djilali Guerroudj, commandant Azzedine, Zohra Drif-Bitat …) «à la délivrance du FLN confisqué». Ces deux évènements auraient certainement donné matière à «réflexion» à Amar Saâdani que le bruit des chuchotements en haut lieu présente comme étant lâché et en fin de mission. Il fallait donc riposter et prouver qu'il est encore «soutenu». L'appareil a alors mis en marche ses structures et moyens de propagande. Pour preuve, même l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) s'est précipitée à pondre un communiqué de soutien au patron du FLN. «Nous dénonçons les tentatives de semer la zizanie entre les militants du parti et réitérons notre soutien indéfectible et inconditionnel au secrétaire général légitime Amar Saâdani», peut-on lire dans le communiqué de l'organisation de Salah Souilah, membre du Comité central du FLN. Le procédé est connu : on fait actionner la base quand la tête est confrontée à un test de crédibilité. Le FLN, véritable appareil d'Etat, n'échappe pas à la règle. Plus encore, il s'agit d'un parti qui n'obéit pas tellement aux jeux démocratiques, comme on tend à le vendre à l'opinion lors de rendez-vous organiques. Mais, plutôt à ce qui se décide à l'extérieur, plus particulièrement dans les rouages du pouvoir en harmonie avec les besoins de la situation. C'est pourquoi, le retour en force des redresseurs, la sortie de Belkhadem, que certaines sources disent qu'il a rencontré deux émissaires du chef de l'Etat, en plus de la lettre du «G14» -bien que certains signataires se sont déjà démarqués-, font craindre le pire à Saâdani. D'où cette opération de charme à travers les communiqués des mouhafadha qui, en réalité, ne visent qu'à plaire au maître du moment…