Le même show, voire plus fourni, qui a été organisé en faveur de Belkhadem n'a pas empêché sa destitution. Le richissime député de Tébessa, Mohamed Djemaï, l'ancien membre du comité de soutien de Benflis en 2004, Sadek Bouguettaya, désigné récemment membre du bureau politique ainsi que Ahmed Boumehdi qui a été à l'origine de la démarche de l'intronisation de Saâdani étaient les premiers arrivés sur les lieux. Ils s'affairaient à régler les dernières retouches du show politique de Saâdani. En véritables chefs d'orchestre, ils veillaient au grain. Il fallait remplir la salle abritée par un chapiteau jouxtant la Coupole, comme cadre du meeting. Si quelques fanions et pancartes ont été arborés et les portraits du chef de l'Etat accrochés, toutefois les géantes banderoles exigées par Saâdani manquaient visiblement au décor. Approché, Djemaï dira que ceux qui m'accusent de tirer les ficelles dans l'ombre ou de gérer de loin le parti, apportent des preuves concrètes de ce qu'ils avancent en faisant allusion aux adversaires de Saâdani menés par l'ex-coordinateur du bureau politique(BP), Abderahmane Belayat et le coordinateur des redresseurs M.Abada. Le même avis est partagé par M.Boumehdi, ex-mouhafedh d'Alger, et désigné membre du bureau politique. «Les détracteurs de Saâdani qui ont abattu toutes leurs cartes, ne pourront pas faire l'impasse sur la légitimité du secrétaire général», dit-il. Si Bouteflika ne se présente pas au 4e mandat que fera le groupe de Saâdani, a-t-il une alternative? Aucune d'après Bouguettaya: le FLN, la première force politique dans le pays, ne pourra qu'avoir une option dans ce cas de figure. Et puis, Bouteflika va se présenter pour briguer un mandat supplémentaire, appuie-t-il très sûr de lui-même. Certes, la majorité des cadres et des élus du parti a rejoint le meeting de Amar Saâdani mais selon certaines indiscrétions, «on ne peut faire autrement au risque d' éventuelles représailles». Un député et membre du comité central qui a requis l'anonymat, avoue que le groupe de Saâdani «a obligé les députés de faire l'émargement au siége de l'APN avant d'être embarqués à bord de deux bus qui leur ont été destinés». Les mouhafedhs aussi devaient marquer leur présence. Quoi qu'il en soit toutes les personnes accostées avouent venir soutenir le parti (FLN) et non porter allégeance à quiconque. Cela prouve que Saâdani ne fait pas l'unanimité autour de lui. Le fait le plus notable est l' irruption faite par l'ex-secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, dans la salle. En suscitant la panique dans la salle, sa réapparition a exaspéré un peu plus l'anarchie prévalant à l'intérieur du chapiteau. M. Belkhadem qui a pourtant annoncé la veille son boycott de ce show pour éviter une mauvaise interprétation de sa sortie est revenu en fin de compte sur sa décision. Que s'est-il passé entre-temps? Est-il rappelé à l'ordre? Celui qui a critiqué vertement la composition du BP formé par Saâdani «n'a pas volé fortuitement au secours du groupe de Saâdani»,disent les plus proches membres du comité central du parti. Ces derniers, hésitants à en découdre avec le nouveau secrétaire général, n'ont de cesse de regretter le départ de Belkhadem. Selon un cadre du parti, par sa présence Belkhadem court-circuite ceux qui travaillent à le déposer et du coup signe également son retour, lui permettant de se positionner sur la scène politique en prévision de l'élection présidentielle. «Le même show qui a été organisé en faveur de Belkhadem n'a pas empêché sa destitution», rappellent les militants les plus avisés. De par sa stature, la présence du secrétaire général de la Présidence, Logbi Habba a été très remarquable. Très significatif, Saâdani a pris le soin d'être flanqué sur sa tribune des membres du comité central, d'anciens ministres à l'image de Benhamadi, Ould Abbès et Saïd Barkat ainsi que des parlementaires. Par ailleurs, d'aucuns regrettent que de graves dissensions minent encore en 2014 les instances du parti. Outre la puissance de la chkara, les lignes de démarcation parfois sur la base régionale reflètent une guerre en sourdine, susurre-t-on encore. Enfin, si certains hôtes de Saâdani sont pris en charge à l'hôtel Mouflon d'or à Alger d'autres moins privilégiés, déçus pour la majorité de s'être déplacés pour rien, ont repris le chemin du retour juste à la fin du show de Amar Saâdani.