L'Algérie garde toujours la même approche pour la résolution de la crise en Libye qu'elle défend depuis l'éclatement du conflit, suite à l'intervention armée de l'Otan. Le ministre chargé des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, a réitéré, hier, cette position à l'occasion d'une conférence du représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, tenue au siège du ministère des Affaires étrangères à Alger. «On a inscrit dès le départ du conflit notre approche pour une solution politique et on a mis en garde contre les conséquences d'une intervention militaire qui ne pourrait aboutir qu'au chaos. Le temps nous a donné raison. Le dialogue et la solution politique sont les seuls pistes qui peuvent amener la paix et la stabilité dans le pays», a-t-il déclaré. Messahel a insisté sur la nécessité de préservation de l'unité territoriale de la Libye, faisant prévaloir l'option de la solution politique qui passe par un dialogue sans l'exclusion d'aucune partie prenante du conflit. Le ministre a évoqué le rôle et les efforts «discrets» de l'Algérie pour le règlement de la crise dans ce pays où les milices et autres groupes armés font la loi. «Alger est la seule capitale où toutes les parties libyennes se sont assises autour de la même table», a-t-il souligné, précisant que l'Algérie ne s'est jamais interférée dans le dialogue entre les Libyens, appelant la communauté internationale à faire de même. Ce rôle de l'Algérie, un pays voisin de la Libye, avec laquelle elle partage plus de 1000 km de frontières, est salué par Martin Kobler. Il a salué un rôle «actif, constructif et fort». «Nous avons demandé votre assistance (pour la mission onusienne) et la réponse fut immédiate. Ce soutien est nécessaire car la Libye a besoin d'amis», a-t-il affirmé. Le représentant spécial de Ban Ki-moon en Libye a développé une approche similaire à celle de l'Algérie dans la résolution de la crise dans le pays, ravagé par une guerre civile sans précédent, aggravé par l'inexistence d'un Etat centralisé. «Il faut trouver la solution avec le dialogue et non pas avec les armes», a-t-il dit. Selon lui, depuis la signature de l'accord politique et la formation d'un conseil présidentiel, il y a des développements encourageants sur le terrain. Mais aussi des défis à relever, a-t-il poursuivi. Sa stratégie de sortie de crise repose sur quatre axes fondamentaux : politique, sécuritaire, économique et réconciliation nationale. Concernant le premier axe, le représentant du SG de l'ONU dit vouloir restaurer l'autorité de l'Etat dans un pays fragile et divisé «après 42 ans de dictature de Kadhafi». Pour le second, le conférencier plaide pour la mise en place d'une structure unitaire de l'armée, qui est, pour lui, une tâche primordiale pour un pays dominé par les milices et les groupes armés. «Il faut une chaîne de commandement», a-t-il dit, ajoutant : «Nous pouvons assister, faire des propositions mais il appartient aux Libyens de décider». Souhaitant que l'accord politique puisse contribuer à l'apaisement, il s'est dit optimiste que Daech soit battu dans la ville de Syrte dans quelque temps. Concernant la réconciliation nationale, Kobler a indiqué que les Libyens doivent trouver un nouveau contrat social, plaidant pour l'implication de tous les Libyens dans le processus de cette réconciliation nationale. «Nous offrons le cadre, nous finançons mais il est important que les Libyens trouvent par eux-mêmes le chemin. Tous les six millions de citoyens doivent être impliqués parce que les citoyens sont au centre de l'intérêt», a-t-il expliqué. L'orateur base le quatrième axe de sa stratégie sur le redressement de l'économie libyenne.