Pratiquement tous les poids lourds de l'Opep ainsi que la Russie ne se sont pour l'heure pas opposés à une option de gel de la production pour faire remonter les prix, excepté l'Iran qui insiste sur son droit de retrouver son quota d'avant les sanctions, à savoir 4 millions de barils/jour. Une option que le puissant président russe Vladimir Poutine a soutenue dans une interview accordée à l'agence Bloomberg. Ceci dit, ce soutien de taille ne signifie nullement que la République islamique a le feu vert pour faire ce qu'elle veut au sein du cartel. L'Arabie saoudite, son ennemi de toujours, ne voit pas les choses de la même façon. Selon son ministre du Pétrole, Khalid al-Falih, Téhéran devrait avoir un «rôle constructif» dans la stabilisation du marché pétrolier. Comprendre que l'Iran doit elle aussi consentir des efforts en se contentant de ses niveaux de production actuels (3,85 mbj, contre 2,7 mbj avant l'accord nucléaire de 2015). Car en cas de gel des quantités produites, les pays producteurs gagneraient en prix ce qu'ils perdraient en production, estiment des analystes. Donnant son accord à prendre part à la réunion informelle de l'Opep qui se tiendra la fin du mois à Alger, l'Iran dit soutenir «toute décision des pays producteurs pour stabiliser le marché pétrolier», sans pour autant se prononcer ouvertement sur son adhésion à cette option, ni préciser les voix et moyens à même de parvenir à stabiliser le marché. S'agissant de la question des prix, le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh, cité par des agences, a indiqué après sa rencontre avec Mohammed Barkindo, SG de l'Opep, que «le prix désiré par la plupart des membres de l'Opep se situait entre 50 et 60 dollars». «Ce prix fait que les pays de l'Opep auront des revenus satisfaisants et dans le même temps leurs concurrents ne pourront pas augmenter leur production», a-t-il estimé. Lors d'une rencontre entre les ministres russe et saoudien du Pétrole en marge du sommet du G20 à Hangzhou, en Chine, les deux hommes ont signé une déclaration commune, qualifiée d'«historique» par Alexander Novak, dans laquelle les ministres «ont reconnu l'importance d'un dialogue constructif et d'une coopération étroite entre les principaux pays exportateurs afin de soutenir la stabilité sur le marché du pétrole et garantir un niveau constant d'investissements sur le long terme», indiquent-ils, selon le texte diffusé à Moscou par le ministère russe. Sur la question iranienne, Novak avait indiqué que l'Opep n'est pas parvenue à un consensus sur le cas de l'Iran. Dans sa tournée dans les pays du golfe arabo-persique, le ministre algérien de l'Energie et des Mines Nouredine Boutarfa qui s'est entretenu avec son homologue qatari Mohammed Saleh Al Sada et le SG de l'Opep, a fait savoir que «la réunion tripartite a été consacrée à l'analyse de la situation du marché pétrolier international et à la préparation de la réunion informelle de l'Opep prévue à Alger en vue de parvenir à des solutions consensuelles entre pays producteurs, qui permettraient de stabiliser le marché pétrolier à un niveau de prix acceptable», a indiqué une source diplomatique citée par l'APS. Lors d'une conférence de presse commune, Boutarfa a réitéré qu'«un prix du pétrole inférieur à 50 dollars n'était pas acceptable, et n'est favorable ni aux pays producteurs, ni à l'économie mondiale dans son ensemble», selon cette source. Il a exprimé, à cette occasion, «sa satisfaction» suite à l'accord dégagé par les ministres saoudien et russe de l'Energie pour que les deux premiers producteurs de pétrole coopèrent en faveur de la stabilité du marché du brut.