Les prix du pétrole sont repartis à la hausse, hier, à Londres comme à New York. Ils ont bondi de quelque 5% dans la matinée après une déclaration commune signée par les ministres saoudien et russe de l'Energie en marge du sommet du G20 à Hangzhou, en Chine. Les deux pays producteurs se sont engagés hier à une «étroite coopération entre pays exportateurs pour soutenir la stabilité du marché du pétrole», sans se prononcer sur la possibilité d'un gel du niveau de leur offre discutée sans succès en début d'année. Dans le sillage dudit accord, les cours du brut ont retrouvé toute leur vigueur, bondissant de plus de 2 dollars durant les échanges de la matinée. Les deux colosses de la production pétrolière mondiale ont repris langue, six mois après l'échec des pourparlers de Doha. Dans une déclaration commune qualifiée d'historique par le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, les ministres ont reconnu «l'importance d'un dialogue constructif et d'une coopération étroite entre les principaux pays exportateurs afin de soutenir la stabilité sur le marché du pétrole et garantir un niveau constant d'investissements sur le long terme». Aussitôt, les marchés se sont sentis fiévreux, mais gardaient la tête froide, bien que l'engagement russo-saoudien ait été suivi par la mise sur pied d'un groupe de travail chargé de présenter «des recommandations concernant les mesures et les actions communes à prendre pour garantir la stabilité et prédictibilité du marché». Certains autres producteurs du Conseil de coopération des pays du Golf (CCG), à l'instar des Emirats arabes unis et du Koweït, se sont illico presto laissés embarquer dans cette vague d'optimisme naissant après plusieurs semaines de déprime sur les marchés. Cependant, l'absence d'un accord clair sur le gel de la production a aussitôt refroidi les ardeurs, renvoyant la suite des conciliabules à la réunion des producteurs prévue à Alger à la fin du mois en cours. Il y a bon espoir que la réunion d'Alger aboutisse à un début de réaction des pays producteurs. En effet, à trois semaines de ladite réunion des 14 pays de l'OPEP, en marge d'un Forum énergétique à Alger, cette reprise du dialogue russo-saoudien apparaît à beaucoup d'analystes comme particulièrement opportuniste, sans que cela ne préjuge d'une quelconque action concrète le jour venu. Certains analystes estiment que si accord il y a, il doit être global en incluant plusieurs des poids lourds de l'Opep, dont l'Irak et l'Iran, ainsi que d'autres producteurs non Opep. Bien que l'Algérie ne lésine sur aucun moyen logistique et diplomatique pour la réussite de son forum, l'espoir d'une réaction immédiate est fragile, quand bien même les deux poids lourds de l'offre mondiale se soient réconciliés. Alors que les Saoudiens restent scotchés à une ligne défendue à cor et à cri depuis une longue date, les Irakiens pompent à plein régime, à l'heure où les Iraniens, qui reviennent depuis peu sur le marché, ne jurent que par leur droit à retrouver leur quota d'avant les sanctions occidentales. De son côté, la Russie était favorable à l'option d'un gel de la production, tout en répétant néanmoins, par la voix de son ministre Alexandre Novak, que l'Iran devait pouvoir augmenter ses volumes d'extraction. Face à de telles positions, les débats promettent d'être houleux à Alger. Après s'être entretenu avec son homologue iranien Bijan Zanganeh, le ministre de l'Energie Noureddine Bouterfa s'est réuni, hier à Doha, avec le ministre qatari de l'Energie et de l'Industrie, Mohammed Saleh Al Sada, et le secrétaire général de l'Opep, Muhammed Sanusi Barkindo, pour discuter de la situation du marché pétrolier en prévision de la réunion informelle de l'Opep, prévue le 27 septembre à Alger. Ne souffrant d'aucune ambiguïté, Alger cherche à concilier les pays producteurs entre la nécessité de parvenir à des solutions consensuelles susceptibles de «stabiliser le marché pétrolier à un niveau de prix acceptable», selon Noureddine Bouterfa. Lors d'une conférence de presse commune, M. Boutarfa a jugé qu'«un prix du pétrole inférieur à 50 dollars n'est pas acceptable et n'est favorable ni aux pays producteurs ni à l'économie mondiale dans son ensemble». Tous les regards sont rivés sur Alger, un test de volonté pour chacun des pays producteurs.