Contrairement aux autres établissements universitaires du pays qui ont connu, hier, le coup d'envoi officiel de la rentrée universitaire 2016/2017, l'Université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou n'a pas vécu cet évènement. C'est du coup une sorte de frustration répétée pour les 58 000 étudiants qui devaient rejoindre leurs amphithéâtres, dont 11 000 nouveaux bacheliers. Le coup d'envoi de la rentrée universitaire a donc été reporté dans la quasi-totalité des départements de l'université. Selon le vice-recteur chargé de la formation supérieure en graduation, Mitiche Moh Djerdjer, ces départements qui ont connu des perturbations durant la précédente année universitaire hébergent actuellement les examens de rattrapage. Quant au lancement officiel des cours pédagogiques, il est prévu pour la fin du mois en cours ou au plus tard début octobre, a-t-il annoncé. Le même responsable a affirmé que la réception des 4000 places pédagogiques du pôle universitaire de Tamda doit encore attendre. Pour cela, la rentrée universitaire des nouveaux bacheliers qui devront poursuivre leurs études au niveau de ce pôle est prévue fin octobre. Toujours selon notre interlocuteur, les étudiants concernés sont ceux des filières suivantes : biomédicales, technologie, ressources de la matière, mathématiques-informatique et sciences financières. Ceci tout en appelant les étudiants des autres filières à se présenter au niveau de leurs départements pour s'informer sur la date du lancement de leurs cours pédagogiques. Il faut souligner que l'UMMTO a toujours accusé un énorme retard au niveau des cours. Cette situation se répercute négativement sur la crédibilité de l'enseignement supérieur dans cette wilaya qui se dégrade d'une année à l'autre. Cet état de fait a suscité la préoccupation des autorités locales et des élus de la wilaya qui ont tiré la sonnette d'alarme, notamment lors de la dernière session extraordinaire de l'Assemblée populaire de wilaya, tenue au mois de juin dernier au niveau de l'hémicycle Aïssat-Rabah. A cette occasion, les élus ont instruit le recteur de cette enceinte universitaire de veiller sur la qualité de l'enseignement supérieur qu'ils ont qualifiée de «dérisoire». Outre les élus, le CNES n'a eu de cesse de dénoncer la déliquescence qui touche cette institution du savoir. Dans son dernier communiqué rendu public, le Conseil national des enseignants du supérieur de la wilaya est revenu sur la valse des recteurs qui a touché l'UMMTO. Elle a connu, en effet, la nomination d'un troisième recteur en l'espace d'une année environ. Le constat du CNES est sans appel. Pour lui, «cela ravive la polémique sur qui détient réellement les rênes de l'université, d'autant plus que des responsables en poste depuis plus de 15 ans demeurent inamovibles malgré le fait qu'ils soient publiquement contestés par toute la communauté universitaire qui leur reproche sa déliquescence». Le CNES avait maintes fois attiré l'attention et prévenu sur et contre l'instrumentalisation, le détournement et la confiscation de l'autorité publique qui prévaut à l'UMMTO. Il n'a cessé d'incriminer cette procédure excessivement centralisée et bureaucratisée suivie pour la désignation des responsables, tout en estimant que la «solution réside dans le renforcement de l'administration des universités et des facultés par des secrétaires généraux issus des écoles spécialisées et recrutés pour gérer l'aspect technique et de soutien et veiller au respect par tous de la réglementation». Des projets à la traîne L'autre problème qui freine le développement de l'UMMTO reste sans conteste le retard accusé dans la réalisation des différents projets dont elle a bénéficié. Depuis des années, ces projets dont ceux de 7000 places pédagogiques et de 5000 lits sont toujours en cours. Les différentes sommations lancées par les autorités aux entreprises chargées de leur réalisation n'ont rien donné sur le terrain. Les projets en cours à Tamda et à Rehahlia (Oued Aissi) ne seront pas livrés, bien que la direction des équipements publics de la wilaya ait annoncé la livraison à la mi-septembre de 4300 places pédagogiques. Les travaux de VRD sont toujours en cours, tout comme l'assainissement, la conduite de gaz naturel, la peinture, l'éclairage et la bâche à eau de 200 m3. Ceci au moment où l'on annonce la livraison des 2700 places pédagogiques restantes vers la fin de l'année. A la cité universitaire 2000 lits, les travaux ne sont non plus pas achevés, tout comme aux deux cités de 1500 places chacune et dotées de deux restaurants d'une capacité de 500 places chacune. Leur réception est prévue pour la fin octobre, alors qu'à Rehahlia, la cité 2500 lits, en construction depuis des années, n'est pas achevée.