«La réforme du système éducatif, adoptée en Conseil des ministres, est celle d'un Etat, non pas de la ministre de l'Education», estime Louisa Hanoune. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), qui présentait hier un rapport d'ouverture de la réunion de son bureau politique, a exprimé son soutien à Nouria Benghebrit, la qualifiant de «femme algérienne non partisane ni du Qatar, ni de l'Arabie saoudite, ni encore d'Erdogan (Turquie, Ndlr)». L'allusion, on l'aura compris, est faite aux partis islamistes et autres cercles «partisans des ténèbres» qui s'acharnent sur la personne de la ministre. Cette dernière, explique Mme Hanoune, «veut une école algérienne exclusive qui forme de vrais citoyens nationalistes fiers de leur pays ; une école moderne et illuminée qui ne soit ni saoudienne ni qatarie». Devant «le lynchage» qu'elle subit de la part des islamistes, Benghebrit semble «lâchée» au sein du gouvernement, regrette la première dame du PT. «Ce qui nous dérange le plus, c'est ce silence officiel car, la ministre applique une réforme décidée par le président Abdelaziz Bouteflika et adoptée en Conseil des ministres», a-t-elle déclaré, estimant que défendre Benghebrit «est synonyme de la défense d'une Algérie radieuse». Pour Louisa Hanoune qui exprime toute sa colère, «le secteur de l'éducation est l'affaire de l'Etat et de la société». Le gouvernement n'a donc pas joué son rôle dans cette «bataille» que mène la ministre contre les adversaires d'une école moderne. A comprendre les propos de la patronne du PT, ces derniers veulent copier le modèle qatari ou saoudien et l'appliquer à l'école algérienne. Ce qui est inacceptable dans la mesure où les idées «importées» de ces deux pays et tant d'autres, ont mené à la dérive, comme c'était le cas lors de la décennie noire. «La justice doit s'autosaisir» Par ailleurs, Nouria Benghebrit n'est pas la seule à avoir le soutien de Mme Hanoune. L'indétrônable secrétaire générale dit «vouer un grand respect au ministre du Commerce qui combat la mafia de l'import». Bekhti Belaïb a, pour rappel, défrayé la chronique, la semaine dernière, avec des révélations pour le moins graves concernant des «passe-droits» et des «complicités» au sein de son département avec des trafiquants. Tout en lui exprimant son «soutien», Louisa Hanoune qui qualifie les propos du ministre de «terribles», dénonce le rôle «absent» de la justice ou encore la solidarité gouvernementale qui «ne s'est pas affirmée», alors que les circonstances l'exigent. «Où est passée la justice ? Que faudrait-il qu'il soit publié pour que le ministère public s'autosaisisse ?», s'interroge-t-elle. Dans les pays qui se respectent, ajoute la secrétaire générale du PT, le moindre propos ou un simple soupçon mènent à l'ouverture d'une enquête. C'est pourquoi elle voit dans ce silence «une forme de complicité». Ce qui serait encore plus grave. LF 2017 : «Une déclaration de guerre» Abordant, en outre, la rentrée politique et sociale, la première dame du PT a relevé «l'absence d'une boussole politique», en ce qui concerne les décisions du pouvoir. A cet effet, elle avertit contre les conséquences de l'adoption du projet de loi de finances 2017. «Un projet de guerre contre la majorité pauvre», lâche Hanoune, énumérant toutes les charges supplémentaires dont «la hausse des prix des carburants et des impôts, au moment où il y aura moins de primes et moins de transferts sociaux». Mettant en garde contre «les dangers» de la révision du système de retraite, Louisa Hanoune estime que cette décision «a causé une saignée dans la Fonction publique, menaçant la qualité du service dans les institutions». Réagissant enfin au déficit du Trésor public qui a atteint 1.770 mds DA à fin juin 2016, elle pointera du doigt «le manque de volonté politique», puisque rien qu'avec «les 9.981 mds DA d'impôts non recouvrées, les 7.500 mds de crédits non remboursés en plus des 5 mds prêtés au FMI, on pourra élaborer trois LF d'un pays en embellie financière».