Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), a formulé hier une mise au point à l'adresse des militants «exclus» de son parti à l'issue du congrès extraordinaire, tenu il y a deux mois. Elle s'est également exprimée, lors de l'ouverture des travaux de la session ordinaire du comité central, sur plusieurs sujets d'actualité, notamment le contenu du dernier Conseil des ministres, le silence imposé aux généraux, l'annulation de la retraite anticipée et la fuite des sujets du baccalauréat. Le PT, selon Mme Hanoune, a opéré, après le congrès, un important tournant impulsé par la nouvelle direction. Les 105 membres du comité central fraîchement élus étaient présents hier à la réunion et Mme Hanoune s'est réjouie de voir le parti recouvrer son homogénéité et assaini de ses «indus». Cette réponse politique sur l'état de santé du parti, qui sort renforcé de la crise qui l'a secoué, est adressée, explique Louisa Hanoune, à ceux qui continuent de «fantasmer» et de faire des «montages absurdes». «Pour notre part, nous disons à ces gens : laissons les morts enterrer leurs morts», s'est élevée Mme Hanoune avant d'avertir contre la décantation qui est en cours et qui s'exerce de manière accélérée sur les plans politique et médiatique. Ce qui amène la secrétaire générale du PT à réitérer son soutien indéfectible au journal El Khabar et à son personnel dont le verdict dans l'affaire en référé de son rachat par NessProd, une filiale du groupe Cevital, est prévu pour le 15 juin. Ce même jour, le tribunal de Bir Mourad Raïs se prononcera également sur la plainte déposée par Louisa Hanoune contre le journal et la chaîne Ennahar TV. La première dame du PT poursuit en justice ce groupe de presse pour diffamation contre sa propre personne, sa famille et les militants de son parti. Toujours sur le plan politique, la conférencière a qualifié de «discrimination» des plus étranges les avant-projets de loi présentés par le vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, et approuvés par le président de la République sur le nouveau statut des personnels militaires. «Nous comprenons parfaitement l'obligation de réserve imposée aux éléments de ce corps. Mais nous estimons qu'il est anticonstitutionnel de réduire au silence des personnes qui, une fois mises à la retraite, activent dans le domaine civil. Et nous nous interrogeons pourquoi uniquement des officiers généraux et des officiers supérieurs en retraite» s'est demandé Mme Hanoune. Et de rappeler aux initiateurs de ces textes de loi que tous les présidents de la République ayant précédé Bouteflika étaient issus du corps de l'armée ! Elle cite Boumediène, Chadli, Zeroual… «Pourquoi aujourd'hui veut-on empêcher ces gens de s'exprimer et de contribuer au développement du pays ?» se soucie Louisa Hanoune qui craint que cette mesure n'ouvre la voie à d'autres visant à museler la liberté d'expression. La première dame du PT ne comprend pas aussi pourquoi le projet de loi relatif au régime électoral et celui portant sur l'instance de surveillance et de contrôle des élections abordé au Conseil des ministres ne sont pas programmés à l'APN. «Il y a des tractations et certains font pression pour imposer leur vision. En ce qui nous concerne, nous avons des doutes sur le respect de la disposition relative au renforcement du rôle de l'opposition parlementaire contenue dans la nouvelle Constitution.» Par ailleurs, la première dame du PT comprend et respecte le mécontentement de certains syndicats après la décision du gouvernement de supprimer la retraite proportionnelle et celle sans condition d'âge. Pour Mme Hanoune, les arguments avancés par le gouvernement pour annuler ces deux mesures sont infondées. «La retraite anticipée est un acquis et non une mesure exceptionnelle. Et ce sont beaucoup plus les femmes qui recourent à cette formule. Pour sauver la CNR, l'Etat dispose de plusieurs autres alternatives, notamment répondre aux milliers de demandes d'emploi en créant des postes et en comblant le vide laissé par les fonctionnaires partis à la retraite», suggère Louisa Hanoune qui a, sur un autre chapitre, rappelé son soutien à la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit. Cette dernière fait face, selon Mme Hanoune, à une «opération criminelle qui a ciblé l'épreuve du baccalauréat 2016». Tout en approuvant les enquêtes diligentées par les services de l'Etat «pour débusquer tous ceux qui ont été impliqués dans ce complot gravissime», Mme Hanoune exige l'identification des auteurs de ce crime. «Il ne suffit pas de condamner mais d'agir. Pour l'heure, nous n'accusons personne, nous préférons attendre les résultats de l'enquête avant de donner notre lecture politique», promet Mme Hanoune.