Une fois n'est pas coutume, Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), a critiqué le message adressé par le président Bouteflika à la nation, le 20 août dernier, à l'occasion de la Journée nationale du moudjahid. Le contenu du message du Président «n'a pas de lien avec la réalité», a déclaré Mme Hanoune, hier à Alger, à l'ouverture de la réunion du bureau politique de son parti. «Il est où l'Etat civil alors que la Constitution est violée chaque jour ?» s'est-elle interrogée. La leader du PT qui a la réputation de tirer sur tout ce qui bouge, hormis Bouteflika — qu'elle avait soutenu durant de longues années —, vient de franchir une nouvelle étape dans ses rapports avec la Présidence. Les réformes économiques dont parle Bouteflika dans sa lettre sont, selon Mme Hanoune, «des contre-réformes destructrices pour le tissu social». Elle a qualifié la nouvelle orientation économique, prônée par le chef de l'Etat, de «coup de poignard dans le dos de la Révolution». Commentant la présence des officiels à Ifri-Ouzellaguen, le village qui a abrité le Congrès de la Soummam en 1956, elle a indiqué que ces derniers «font mine de célébrer les événements historiques, mais ils trahissent la Révolution en se mettant au service de la minorité au détriment de la majorité». La secrétaire générale du PT faisait référence, entre autres, à la politique d'austérité appliquée sur la grande masse des Algériens, au moment où les hommes d'affaires bénéficient des «largesses» de l'Etat à travers l'amnistie fiscale. La politique du gouvernement est «brutale avec la majorité. Elle est tolérante et généreuse avec la minorité», a-t-elle insisté. Les partis de l'opposition n'ont pas échappé aux foudres de Mme Hanoune. Elle a rejeté l'appel du président du MSP, Abderrazak Makri, qui a plaidé récemment pour la constitution d'un gouvernement d'union nationale regroupant toutes les tendances, dans le cadre d'un processus de sortie de crise. «Un gouvernement d'union nationale est contraire à la démocratie», a tranché Mme Hanoune. Elle a rappelé, dans le même contexte, la position de son parti par rapport au projet de la transition démocratique défendu par les partis réunis au sein de la CLTD. «La transition est un retour au point de départ», dit-elle en évoquant la période de transition qui a suivi l'interruption du processus électoral au début des années 1990. Sans les nommer, elle a estimé que les membres de la CLTD veulent «changer des personnes au lieu de changer le système politique», et ce, dans une logique de «partage du pouvoir». La leader du PT a réitéré son soutien à la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, qui fait l'objet d'«une attaque féroce motivée par des positions idéologiques importées du Qatar et d'Arabie Saoudite». Louisa Hanoune a soutenu que les élections législatives de 2017 ne figurent pas sur la liste des priorités de sa formation politique : «L'organisation des élections dans la conjoncture actuelle est une aventure.» La priorité est de «soutenir les travailleurs et défendre les libertés», a-t-elle ajouté. Elle a, par ailleurs, mis en garde contre l'intervention militaire des Etats-Unis en Libye qui constitue, selon elle, «une menace directe contre l'Algérie». En somme, Louisa Hanoune considère que l'Algérie traverse actuellement «la période la plus dangereuse depuis l'été 1962».