Le gouvernement fait des pas en arrière en matière de politique sociale. L'effort de soutien aux couches les plus défavorisées de la société devrait être revu à la baisse, dans la prochaine loi de finances 2017. Moins de 210 milliards (mds) de dinars seront déduits du montant global consacré au titre de transferts sociaux, durant l'année prochaine. Une démarche qui prouve bien la volonté de l'Etat à se désengager de sa politique sociale, très coûteuse pour le Trésor public. Le chiffre révélé, hier, par Seddik Chihab, porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), donne froid dans le dos et confirme bien les craintes des Algériens qui se voient incapables de résister aux mesures que prendra le gouvernement pour affronter la crise économique. «Les transferts sociaux dans l'avant-projet de loi de finances vont diminuer de 210 milliards DA», a indiqué Chihab, document à l'appui, invité du Forum du quotidien arabophone Essawt El-Akhar. Par une simple opération de calcul, le montant qui était, en 2016, de l'ordre de 1840 mds DA chutera à 1630 mds DA l'année prochaine. Il s'agit, en fait, d'une correction, puisque faut-il le rappeler, l'Etat avait décidé, fin 2015, de relever le montant des transferts sociaux pour l'année en cours, malgré les mises en garde des spécialistes et des experts en économie sur une politique jugée suicidaire. Augmenté de 7,5%, le montant des transferts sociaux est actuellement de 23% du budget de l'Etat. Le 10 octobre 2015, Abdelaziz Bouteflika, qui présidait un Conseil des ministres, avait, tout en reconnaissant «la gravité de la conjoncture financière», recommandé au gouvernement d'expliquer au peuple «le caractère unique au monde de nos dépenses publiques d'investissements et de nos transferts sociaux». Il semblerait donc que l'Etat a pris conscience du fardeau que constituent ces transferts sociaux, décidant de les réduire graduellement. A titre d'exemple, «le budget prévu au titre de soutien à l'habitat est de l'ordre de 305 mds DA», contre 477 mds DA en 2016. Autre facteur qui montre la prudence prônée par le gouvernement, «le prix de référence du baril de pétrole sur lequel est élaboré l'avant-projet de la prochaine loi de finances est de 50 dollars», alors que dans l'actuel texte, il n'est que de 37 dollars/baril. Les recettes budgétaires attendues avoisinent les 5600 mds DA, tandis que les dépenses seront de l'ordre de 6900 mds DA, ajoute la même source. Ce qui donnera lieu à un déficit budgétaire de 1300 mds DA. L'avant-projet qui table sur une croissance de 3,9%, prévoit plus de charges sur les citoyens puisque la TVA sera portée à 19% au lieu de 17%, au moment où une autre augmentation de l'ordre de 12% va toucher les carburants (sans plomb) qui passeront de 32 DA à 35 DA le litre. Sur le plan politique, le porte-parole du RND a estimé que «les résultats des prochaines élections législatives seront décisifs dans la mesure où ils établiront la future carte politique du pays, en prévision de la présidentielle de 2019». Exprimant «quelques réserves» sur la réforme de l'école, Chihab a rappelé le soutien du RND à la ministre de l'Education. Par contre, il ne s'est pas gêné de critiquer les propos de Bekhti Belaïb, ministre du Commerce, expliquant qu'«il y a une certaine liberté de ton qui fait polémique au gouvernement».