La suppression du FRR pour conférer la transparence à la gestion du budget de l'Etat. La chute vertigineuse et brutale des cours du pétrole a remis au goût du jour le débat sur le prix de référence du baril sur lequel se base le calcul de la loi de finances. La persistance du gouvernement à fonder le calcul de la loi de finances sur un prix du baril de pétrole brut à 37 dollars ainsi qu'un taux de change de 79 dinars pour un dollar, soulève plusieurs interrogations relatives à la transparence dans la gestion du budget de l'Etat. Depuis des années, l'Algérie calcule son budget sur la base d'un baril à 37 dollars. Le surplus va au FRR qui finance le déficit et tous les programmes spéciaux du gouvernement. Le président de la Cour des comptes souhaite la suppression du FRR et d'autres comptes spéciaux ou caisses noires pour conférer la transparence à la gestion du budget de l'Etat. Certains économistes préfèrent baser les calculs sur la base du prix du marché. Si initialement, le recours au Fonds de régulation des recettes, FRR, est prévu en cas d'effondrement des cours du baril, force est de constater qu'on a commencé à puiser déjà dans les comptes de ce fonds depuis 2012 et même avant, alors que les prix du pétrole ont dépassé les 107 dollars. Les sommes engrangées par le Fonds de régulation des recettes d'hydrocarbures (FRR) censé colmater le trou financier dû au déficit budgétaire ne cessent de battre de l'aile. De 5600 milliards de dinars en 2013 puis 5200 en 2014 elles passeront à 4 200 milliards de dinars en 2015, soit un recul de 1000 milliards de dinars selon les prévisions du gouvernement. Le FRR disposait fin juin d'un peu plus de 55 mds de dollars. Les recettes d'exportations de l'exercice 2014 sont de l'ordre de 57 milliards de dollars alors qu'elles avaient atteint 67 milliards de dollars l'année précédente (2013).Une réduction de 10 milliards de dollars est qualifiée de très «inquiétante» par le conférencier. Selon les prévisions pour l'exercice 2015, l'équilibre des budgets de l'Etat requiert un prix du baril à 120 dollars. Or, avec un baril à 70 dollars, le gouvernement n'aura d'autre solution que de puiser dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) pour combler l'énorme déficit qui s'annonce ou de faire appel à l'épargne des Algériens via un endettement intérieur. Cela est d'autant plus inquiétant que les importations augmentent d'année en année frôlant présentement la barre des 66 milliards de dollars. Déjà la loi de finances 2014 cache mal les empreintes des perspectives des échéances électorales dont la présidentielle, soulignait l'ex-ministre des Finances, Abdelkrim Harchaoui, dans sa lecture dudit texte. Cette loi est caractérisée par un populisme exagéré qui risque de mettre en péril l'avenir des futures générations. L'Algérie qui a dépensé un montant astronomique de plus de 500, voire 600 milliards de dollars durant ces quinze dernières années dont 286 milliards depuis 2006, n'a réussi à obtenir en fin de compte qu'une très maigre croissance de 3,4% en 2012. Eu égard au rythme de la consommation nationale qui augmente de 15% chaque année, les économistes se demandent si l'Algérie pourra assurer la stabilité et l'approvisionnement du pays qui fait aussi face à la concurrence russe et celle du Qatar dans le domaine des hydrocarbures. Cela étant, plus de 1,6 million d'Algériens émargeant au filet social vivent dans des conditions de précarité. Les transferts sociaux, les subventions tous azimuts, les fonds affectés au soutien à l'emploi des jeunes, augmentent d'année en année. Par conséquent, le déficit budgétaire global qui était de 3300 milliards de dinars en 2014, soit 18% du PIB sera de l'ordre de 4000 milliards en 2015, soit 22,1% du PIB. Concernant les agrégats monétaires et financiers, il est établi que les réserves de change qui s'élevaient à 193,26 milliards (mds) de dollars à fin juin 2014, selon la Banque d'Algérie, est un montant non disponible pour la distribution. Selon des experts, l'économie algérienne est mise en danger par un baril à 80 dollars.