La réception du projet de la nouvelle ville de Sidi Abdellah (Alger) risque d'accuser un énorme retard. Le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, qui s'est rendu sur place, n'a pas caché sa déception quant à la cadence et la qualité des travaux réalisés. Devant accueillir des milliers de familles, d'étudiants et de travailleurs, la nouvelle ville de Sidi Abdellah demeure un chantier éternel qui risque d'être livré dans 5 ans, voire plus, en raison de l'importance des projets en voie de réalisation dans cette localité, autrefois connue comme une région à vocation agricole. Cités AADL, LPP, centre universitaire, résidences pour les étudiants, écoles, routes, crèches, lignes de chemin de fer... la ville de Sidi Abdellah devait être un véritable modèle des nouvelles constructions et aménagement urbain de l'Algérie indépendante. Seulement, cette ambition est confrontée à plusieurs obstacles, particulièrement le respect des délais de réalisation, le suivi et la qualité des travaux. Lors de sa visite sur les lieux, ce samedi, Abdelmadjid Tebboune n'a pas été tendre avec les responsables en charge de cet important projet. Il a tenu une réunion avec l'ensemble des directeurs généraux de la nouvelle ville de Sidi Abdallah, de l'Agence nationale de l'amélioration et du développement du logement (AADL), de l'Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI) et du Centre national de l'ingénierie de construction (Cnic), ainsi que les représentants des entreprises chargées de la réalisation, notamment le groupe Cosider et les directeurs centraux du secteur. Lors de cette réunion de coordination, Tebboune a rappelé que «Sidi Abdallah doit obéir à une conception architecturale bien élaborée qui tienne compte des moindres petits détails, pour constituer à l'avenir un modèle de pôles urbains et de nouvelles villes». Ferme et catégorique, il a exigé la réception de la première partie de la nouvelle ville le 11 décembre 2016. Au moins 10 000 logements comprenant la formule location vente (AADL) et promotionnel (LPP), en sus des équipements publics nécessaires et des locaux commerciaux de proximité doivent être finalisés et livrés dans les termes convenus, a-t-il insisté. Des équipements à prévoir Le ministre a donné des instructions pour le respect des délais de réalisation, «sans négliger toutefois l'aspect esthétique, notamment les finitions». Pour donner un nouvel élan, des sous-commissions de coordination seront installées pour le suivi du processus de réalisation des différentes structures, notamment les espaces verts, les établissements éducatifs, en plus de la propreté des quartiers, le bon fonctionnement du système de collecte des déchets ménagers, l'installation des locaux commerciaux, du réseau de voirie, l'accès des cités et les espaces de jeux et de loisirs. Pour la première fois, un ministre d'Etat évoque publiquement la nécessité de construire et de réceptionner des crèches. Les locaux commerciaux doivent être aussi prêts lors de la distribution des logements, a souligné le ministre, appelant à la transparence lors de leur distribution, en accordant la priorité aux activités commerciales indispensables. «Dans notre conception urbaine, toutes les activités commerciales doivent être proches du citoyen», a-t-il expliqué, insistant sur l'impératif de «répartir les activités en fonction du mode de vie du citoyen algérien». Tebboune est allé encore plus loin dans son intervention, exigeant aussi la réalisation des panneaux photovoltaïques et le réseau de la fibre optique. Parmi les différents projets de logements qui ont connu une avancée notable, on peut citer le projet des 1067 logements promotionnels publics (LPP) et celui des 4622 logements AADL, où le taux de réalisation a atteint 95% pour les routes, 100% pour le raccordement en AEP, 90% pour le réseau d'assainissement et 60% pour le réseau d'électricité. Rappelons que la nouvelle ville de Sidi Abdallah s'étend sur une superficie de 7000 hectares au sud-ouest d'Alger. Elle compte 27 agglomérations où des projets sont prévus pour la réalisation de près de 54 000 unités. Outre le pôle urbain, la nouvelle ville de Sidi Abdallah est également un pôle biotechnologique, universitaire et de loisirs. Un véritable défi pour les pouvoirs publics qui nécessite la mobilisation et le suivi quotidien.