A quelques jours seulement de la grève nationale de l'intersyndicale contre la suppression de la retraite proportionnelle et sans condition d'âge, le gouvernement tente de désamorcer «la bombe». Pour ce faire, Abdelmalek Sellal envoie la ministre de l'Education nationale au front. Nouria Benghebrit a rencontré, dans l'après-midi de lundi, les syndicats du secteur, afin de tenter un apaisement à la veille du débrayage annoncé pour les 17 et 18 octobre. La rencontre programmée «dans l'urgence», selon les syndicalistes, présidée par la ministre, a duré près de 4 heures et a vu la présence du directeur général de la Caisse nationale des retraites (CNR) ainsi que deux représentants du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. A la surprise générale des syndicats, leurs interlocuteurs n'avaient qu'un seul mot d'ordre : expliquer les motifs de la décision du gouvernement portant suppression de la retraite anticipée, dans l'espoir d'arriver à surseoir à l'appel à la grève. Mais, c'était loin d'être gagné. Les syndicats ne veulent rien céder. Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), présent à la réunion, explique : «Le gouvernement veut désamorcer la crise en tentant d'amener les syndicats de l'éducation, majoritaires au sein de l'intersyndicale, à faire marche arrière. Mais, nous avons détruit tous les arguments avancés par le directeur de la CNR et les représentants du ministère du Travail», nous dira Amoura, regrettant «un déficit en termes de dialogue». «On ne communique que trop tard dans ce pays», dénonce notre interlocuteur, tout en insistant sur le fait que «tant que le gouvernement ne recule pas dans sa décision de révision du système de retraite, notre action de protestation ira jusqu'au bout et les autorités assumeront toutes les conséquences». Dialogue tardif C'est dire que la réunion à laquelle ont assisté le Satef, le Cnapeste, le Snapest, le Snte, le CLA, le Snapep, le Snapap, les corps communs, la Fnte (UGTA) ainsi que les deux associations nationales des parents d'élèves, n'a pas atteint ses objectifs. Devant l'intransigeance des syndicats qui ont déjà déposé, individuellement, des préavis de grève pour les 17 et 18 octobre courant, Nouria Benghebrit, qui «reconnaît un manque de concertation», a promis de programmer une autre rencontre mixte où sera présent personnellement Mohamed El Ghazi, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. A défaut donc d'être reçus par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, les syndicats auront El Ghazi et Benghebrit comme interlocuteurs. Mais, force est de constater que les espoirs de voir ces deux membres de l'Exécutif réussir leur mission restent timides. La ministre a aussi demandé au directeur de la CNR de recevoir les syndicats. Craignant une paralysie totale dans plusieurs secteurs, dont la santé, l'éducation, l'administration publique, l'enseignement supérieur, entre autres, le gouvernement se trouve enfin obligé à s'entretenir avec les syndicats autonomes, reconnaissant indirectement leur représentativité. Lors de la dernière tripartie qui avait entériné la décision portant révision du régime des retraites, le gouvernement Sellal n'avait consulté que l'UGTA et le patronat. Une exclusion «discriminatoire», dénoncent les syndicats autonomes dont la représentativité ne souffre d'aucune ambigüité. En attendant, enfin, la réunion Benghebrit - El Ghazi - syndicats, la mobilisation se poursuit pour une large adhésion des travailleurs à la grève des 17 et 18 octobre.