Entre le gouvernement et les syndicats autonomes de la Fonction publique, c'est le bras de fer. Au lendemain des déclarations du Premier ministre, insistant sur l'irréversibilité de la décision portant suppression de la retraite proportionnelle et sans condition d'âge, les syndicats se réunissent et répliquent. Tout en réitérant leur refus de l'amendement de l'ordonnance n°97-13 du 13 mai 1997, pas moins de seize syndicats autonomes de différents secteurs dont la santé, l'éducation, l'administration publique, l'enseignement supérieur, l'énergie, la formation professionnelle et les affaires religieuses, promettent «une rentrée sociale chaude», au cas où leurs revendications ne sont pas acceptées. «Etant en période des vacances, nous avons donc préféré reporter nos actions de protestation jusqu'à la rentrée et donner ainsi un délai au gouvernement afin de revoir sa décision», nous a déclaré hier Boualem Amoura, secrétaire général du Satef, à l'issue d'une réunion marathon tenue par les syndicats au siège de l'Unpef. Selon lui, «il y a une déception générale après les propos du Premier ministre», car, a-t-il expliqué, «au moment où nous attendions un geste à l'égard des fonctionnaires, voilà qu'il insiste sur l'amendement du système de retraite et coupe court devant toute revalorisation des salaires». Le pouvoir d'achat des travailleurs «est en constante détérioration», se sont indignés les syndicats qui réclament, en outre, «une participation» à l'élaboration du projet de loi sur le travail. A l'issue des débats, les participants à la réunion, la deuxième du genre après celle du 18 juin, ont décidé de «faire appel au président de la République», Abdelaziz Bouteflika, et d'adresser «une demande d'audience» au Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Les 16 syndicats dont le Satef, l'Unpef, le Cnapeste, le Snapest, le CLA et le SNTE de l'éducation, le Snpsp, le Snpssp, le Snapsy et le SAP de la santé ainsi que le Snapap, le Snateg, le Snap, le Snvfp, le Cnes et syndicats des imams réclament «l'ouverture du dialogue et des négociations sur la révision du système de retraite». Une équité à revoir Boualem Amoura explique que «les syndicats sont en mesure de proposer des solutions au gouvernement, bien que les difficultés financières de la CNR, comme le sous-entend Abdelmalek Sellal, ne soient pas de notre responsabilité. A titre d'exemple, au lieu d'élever le nombre d'années, «on peut suggérer de revoir à la hausse le montant des cotisations annuelles des fonctionnaires». Plus virulent encore, les syndicats estiment que pour renflouer les caisses de la CNR, il serait plus juste de «s'attaquer à l'évasion fiscale et de consacrer l'équité». Pour eux, et en réponse aux déclarations d'Abdelmalek Sellal depuis la wilaya de Tiaret, «l'équité et la solidarité doivent s'appliquer aux députés et cadres supérieurs de l'Etat». «C'est bien eux (les officiels), qui bénéficient de la retraite à un âge aussi avancé et avec des montants faramineux», dénonce Boualem Amoura, pour qui «l'on est en train de mentir au peuple». C'est dire de la détermination des syndicats autonomes, exclus de la dernière tripartite ayant entériné la révision du système de retraite, à aller jusqu'au bout de leur combat, maintenant que le gouvernement leur a donné «l'occasion de s'unir», comme l'ironise notre interlocuteur. Il faut dire qu'une action commune dans les secteurs de la santé, de l'éducation, de l'administration publique et de l'enseignement supérieur, entre autres, paralysera presque le fonctionnement des affaires publiques et créera un précédent. Une menace sérieuse que le gouvernement devra prendre au sérieux, vu l'encrage des syndicats autonomes qu'il a en face de lui. Enfin, ces derniers ont décidé d'organiser «une journée d'étude sur le système de retraite», au courant du mois de juillet prochain.