Le prix Nobel de littérature 2016 a été attribué ce jeudi au grand chanteur, musicien et poète Bob Dylan, au moment où tout le monde s'attendait à ce que ce prix soit décerné à des écrivains tels que le japonais Haruki Murakami ou le syrien Adonis. L'annonce de l'octroi du prix Nobel de littérature 2016 a été une grande surprise cette année autant pour la critique que pour les candidats. Ceux qui ne connaissent pas les œuvres de Bob Dylan et ses positions de principe de défense des droits et les règles du choix du lauréat par le jury se demandent comment un chanteur et musicien aussi grand soit-il puisse obtenir un prix, le plus prestigieux du monde, destiné à l'origine à être offert à un écrivain, poète ou romancier. Ceux qui maîtrisent la langue anglaise pourraient vite expliquer la décision du jury par la force des mots qu'on retrouve dans les textes de Dylan, notamment dans Masters of war (Les maîtres de la guerre) ou Modern Times (Les temps modernes). On pourrait aussi comprendre la décision prise à Stockholm par le militantisme du chanteur, mais si tel est le motif, le poète syrien serait le mieux placé, vu ce qu'il écrit et ce qui se passe actuellement dans son pays. Ceux qui réagissent mal à l'octroi de ce prix à Bob Dylan auront tout le temps de critiquer le jury et l'académie suédoise, et les motifs ne manqueront pas. Les français par exemple pourraient se demander pourquoi n'avoir pas primé d'autres chanteurs et chanteuses tels que Charles Aznavour ou auparavant Boris Vian, l'auteur et premier interprète de la chanson Le déserteur. Les Arabes auraient pu également proposer Fayrouz ou Marcel Khalifa... et la liste est longue. L'académie de Suède a récompensé le chanteur «pour avoir créé de nouvelles expressions poétiques dans la grande tradition de la chanson américaine», a-t-on déclaré lors de la cérémonie de jeudi dernier. Pour rappel, le prix Nobel de littérature récompense, chaque année, depuis 1901, un écrivain ayant rendu de grands services à l'humanité grâce à une œuvre littéraire qui, selon le testament du chimiste suédois Alfred Nobel, «a fait la preuve d'un puissant idéal». Le prix Nobel qui, pour la première fois depuis sa création, prime un musicien, est doté d'un montant de 10 millions de couronnes suédoises, soit un peu plus d'un million d'euros. Il faut noter que les critiques les plus dures sont venues des grands éditeurs qui ne gagneront pas autant d'argent cette année, comme ils s'y attendaient, sauf si Dylan remise définitivement sa guitare pour se mettre à l'écriture. Au fait, puisqu'on y est, pourquoi ne pas créer un Nobel de la musique, du théâtre ou du cinéma ?