La perturbation, dans la distribution du lait en sachet, reprend de plus belle. D'interminables queues sont observées depuis quelques jours devant les épiceries et autres points de vente de cet aliment indispensable pour les familles algériennes. Mais quelles sont les raisons qui sont derrière cette pénurie? «Les perturbations, dans la distribution du lait en sachet, ne sont pas dues à une réduction des quotas de poudre de lait, mais elles ont été provoquées par certaines laiteries», c'est ce qui ressort d'une enquête ayant constaté des irrégularités, selon l'affirmation du directeur général de l'Onil, Fathi Messar. Dans une déclaration à l'APS, le DG est catégorique : «Il n'y a pas eu de réduction des quotas, mais des réajustements.» L'onil avait opéré une réduction d'à peine 6%, ce qui est insignifiant, selon lui, par rapport aux 2220 tonnes distribuées mensuellement, à travers les laiteries de la wilaya d'Alger. «Cette légère réduction ne peut pas créer une telle perturbation. C'est plutôt de la provocation», soutient M. Messar, qui précise que ce ne sont pas toutes les laiteries qui sont concernées par cette ponction opérée, suite aux résultats de l'enquête menée par une commission intersectorielle pour vérifier l'utilisation et la traçabilité de la poudre de lait, subventionnée par l'état et vendue aux transformateurs, pour produire du lait en sachet. «Certains producteurs essayent de mettre la pression pour que nous revenions sur nos décisions», estime-t-il. «Il y a des intérêts qui ont été touchés par cette enquête, ce qui a provoqué cette perturbation», affirme M. Messar, en assurant que les quantités produites quotidiennement suffisent largement pour couvrir la demande, sachant que l'Office dispose également d'un stock de poudre de lait, lui permettant de couvrir la demande jusqu'en juin 2017. L'enquête, en question, a touché plus de 100 laiteries privées et publiques et a révélé «beaucoup d'irrégularités» dans l'utilisation de la matière première subventionnée destinée à la production du Lait pasteurisé conditionné (LPC), selon le même responsable. Fraude : Parmi les infractions constatées, ce responsable cite la fraude dans la quantité de poudre utilisée pour la production d'un litre de lait en sachet, qui est inférieure aux normes exigées. Selon les normes, 103 grammes de poudre de lait sont nécessaires pour un litre de lait, alors que certains transformateurs utilisent beaucoup moins que ça, révèle-t-il. Ainsi, ces transformateurs, indélicats, sont soupçonnés d'utiliser la différence dégagée de cette poudre de lait, subventionnée pour la production de produits dérivés (petit-lait, lait caillé...), puisque ces transformateurs ne mentionnent pas sur l'emballage l'origine de la matière première utilisée. Sur les 190 laiteries, activant sur le marché, l'Onil est lié à travers des contrats à une centaine de transformateurs dont 15 unités publiques, qu'il approvisionne en poudre de lait subventionnée, destinée uniquement à la production du lait en sachet. Le kilogramme de poudre est cédé par cet office, à 157 DA alors qu'il est acheté sur le marché international à plus de 300 DA/kg. Le montant de la subvention de lait a coûté à l'état 32 milliards DA en 2015 contre 47 milliards DA en 2014, selon M. Messar.