Le plus vieux parti de l'opposition se donne en spectacle à la veille de la réunion de son conseil national, prévue les 9 et 10 décembre. Rached Halet, député et membre de l'instance présidentielle créée à l'occasion du dernier congrès du parti, sera exclu aujourd'hui par la commission de discipline pour avoir exprimé ses points de vue. Cette exclusion est l'arbre qui cache la forêt d'une crise qui couve au sein du FFS, lequel donne l'impression d'avoir perdu tous ses repères après la disparition de son chef, Hocine Aït Ahmed. Aujourd'hui, le FFS est celui qui a le fonctionnement le plus archaïque parmi tous les partis activant en Algérie. Sa communication est moyenâgeuse. Ni les membres de l'instance présidentielle, ni le premier secrétaire national, ni le chargé de communication du parti ne daignent répondre aux interrogations des journalistes et éclairer l'opinion publique sur la question. Même Rachid Halet fuit la presse. Joint hier au téléphone, il nous a demandé de le rappeler. Sauf qu'il n'a plus décroché. Les dirigeants du parti mettent l'information sous embargo, au moment où des observateurs estiment que le parti veut faire davantage allégeance au pouvoir pour qu'il lui octroie un quota important à l'APN. En tout cas, la crise qui frappe le FFS est tellement profonde que ses dirigeants refusent d'éclairer l'opinion. L'enjeu est lié aux prochaines élections législatives. Certains pontes du plus vieux parti d'opposition qui n'a d'opposition que le nom auraient déjà préparé les listes électorales. De ce fait, ils veulent éliminer toute personne pouvant remettre en cause leur candidature ou leur faire de l'ombre. C'est pour cela que la réunion du conseil national des 9 et 10 du mois en cours a toutes les chances d'être houleuse. Des militants ont appelé à un rassemblement devant le siège du parti, sur les hauteurs d'El Biar, pour dénoncer l'exclusion de Rachid Halet et les pratiques de la direction nationale. On reproche au député de Tizi Ouzou ses déclarations médiatiques de type «le FFS ne conteste pas la légitimité des institutions» et «il ne faut pas s'étonner si le parti se retrouve au gouvernement». Des griefs qui feront gausser les cadres de l'ex-parti unique qui, malgré tout ce qu'ils font contre la direction nationale du parti, n'ont fait l'objet d'aucune poursuite disciplinaire. En matière d'exercice démocratique et de respect des opinions, le FFS n'a aucun point commun avec le FLN. Un Abdelkrim Abada, qui a mené un mouvement de contestation pendant plus de 5 ans sans avoir encouru aucun risque d'exclusion, serait mort et enterré s'il avait été cadre du FFS. Idem pour les Abderrahmen Belayat, Salah Goudjil et toute l'armada de cadres contestataires des directions successives du parti. Non seulement ils ne sont pas exclus mais ils bénéficient d'un traitement de faveur de la part de la direction. Il faut dire qu'en la matière, le FFS est un très mauvais exemple. Cela étant, dans une déclaration médiatique, Rachid Halet accuse trois de ses collègues de l'instance présidentielle, à savoir Ali Laskri, Aziz Baloul et Mohand Amokrane Cherifi d'être la cause de sa mésaventure. Il les accuse de vouloir l'éliminer avant le prochain congrès du parti, qualifiant ce qui lui arrive de «coup de force».