Un juge espagnol a demandé que douze journaux européens cessent immédiatement de publier l'enquête dite des «Football leaks», série de révélations sur un système d'évasion fiscale dans le football, dans une ordonnance. Le juge Arturo Zamarriego Fernandez, du tribunal de Madrid, reproche aux journaux de s'être saisis de données confidentielles sur les stars du football européen, en violation du «droit fondamental à la confidentialité des communications». Dans son ordonnance, le juge donne raison à la société Senn Ferrero, un cabinet qui conseille en matière de fiscalité plusieurs stars du football, dont Cristiano Ronaldo. Cette société affirme que l'information dont disposent les journaux a été piratée - «soustraite à ses serveurs». En conséquence, le juge ordonne «l'interdiction de publication, en édition papier ou numérique, des informations confidentielles à caractère personnel, financier, fiscal et/ou légal des clients de l'entité Senn Ferrero, à laquelle a pu accéder le consortium de journalistes». Les journaux Mediapart en France, Der Spiegel en Allemagne ou El Mundo en Espagne font partie de ce consortium, le European Investigative Collaborations (EIC), qui a enquêté sur «les mouvements d'argent dans le foot». Selon les premières informations qu'ils ont diffusées vendredi, le footballeur star du Real Madrid Ronaldo est soupçonné d'avoir «dissimulé 150 millions d'euros dans des paradis fiscaux». Et dans les semaines qui viennent, le consortium entend dévoiler bien d'autres «Football Leaks», ses enquêtes qu'il annonce explosives sur le milieu du foot... Le magistrat espagnol entend faire jouer la coopération judiciaire européenne pour faire appliquer la mesure d'interdiction de publication dans tous les états membres de l'Union européenne. «C'est une tentative de censure inédite à l'échelle de tout un continent», a protesté le journal Mediapart, dans un article publié en ligne lundi. Ce média français d'investigation se félicite au contraire de «la révélation du scandale» des Football leaks, qui constitue selon lui «la plus grande fuite de l'histoire du sport».