Un décret exécutif encadrant la production et la commercialisation du café «Torrefacto» a été récemment adopté par le gouvernement. Des responsables du ministère du Commerce, cités par l'APS, expliquent que le texte en question concerne exclusivement le café «torrefacto», c'est-à-dire le café moulu où l'ajout du sucre est toléré. Des nouvelles mesures interviennent suite aux résultats d'une enquête menée par le ministère du Commerce qui a révélé plusieurs infractions dans la production et la commercialisation du café dont la présence du sucre dans le café moulu et le non-respect des proportions de sucre ajouté dans le produit Torrefacto, expliquent les mêmes responsables. Maâmar Bouchekkif, président de l'Association algérienne de promotion et de protection du consommateur (Aappc) de Blida, trouve que c'est «une bonne nouvelle» pour le consommateur. Il a rappelé que son association a été la première à alerter le ministère du Commerce en 2011 sur le danger du café commercialisé. Abrogeant le décret 92-30 relatif aux spécifications et à la présentation des cafés, le nouveau texte interdit «clairement» la torréfaction du café vert avec du sucre ajouté et fixe sa teneur en eau ou en humidité à un taux inférieur à 12,5%. Bouchekkif explique que plusieurs producteurs du café en Algérie, rajoutent du sucre lors de la torréfaction, sans pour autant respecter le taux de 2% toléré dans le texte abrogé. Les opérateurs doivent, selon le même décret, fixer des valeurs indicatives ou les taux tolérés pour la substance toxique «acrylamide» pour réduire le taux d'exposition à cette substance. Le président de l'Aappc de Blida fait état d'une enquête menée par son association où «sept marques de café connues en Algérie ont fait objet d'analyse physicochimique d'échantillons» en 2015. Selon les résultats des analyses «six grandes marques de café moulu font objet d'une large fraude. On empoisonne le consommateur algérien !» estime-t-il. M. Bouchekkif dénonce «l'attitude de ces producteurs», dont l'objectif principal est tout simplement de «réaliser le gain facile». Le café moulu auquel certains torréfacteurs ajoutent une quantité de sucre «pourrait porter préjudice à la santé des consommateurs et en particulier aux diabétiques». Ces derniers croient consommer un café dépourvu de sucre, alors que le taux de sucre utilisé dépasse de loin les 2% que prévoient les laboratoires d'analyses. M. Bouchekkif dénonce également ce qu'il appelle «concurrence déloyale» des producteurs. Il indique que plusieurs torréfacteurs sur le territoire national ne rajoutent pas du sucre lors de la torréfaction, ce qui cause un préjudice sur la commercialisation de leur produit par rapport à ceux qui mettent du sucre ajouté. «Alors que sur la qualité et le choix, le goût et la couleur, on impose les mêmes taxes aux producteurs. Le kilo de café torréfié sans sucre ajouté coûte 650 kg sur le marché au même prix que celui avec sucre ajouté. Il s'agit d'une fraude !» estime-t-il. Les intervenants dans le processus de mise à la consommation du café doivent se conformer aux dispositions de ce décret dans un délai de six mois à compter de sa date de publication au Journal officiel. Le décret exécutif, qui porte sur les caractéristiques du café torréfié ainsi que les conditions et modalités de sa mise à la consommation, fixe à 3% au maximum, au lieu de 5% jusqu'à maintenant, les proportions tolérées en sucre ou en caramel ou en amidon dans la composition du café torréfié au sucre. Les dispositions de ce règlement autorisent, pour les cafés torréfiés, décaféinés ou non, certaines opérations comme le mélange de cafés d'espèces (Arabica et Robusta) ou de provenances différentes (Vietnam, Indonésie, Inde...). Ils doivent également prendre en charge les nouvelles gammes de cafés ou les dérivés de café tels que le café décaféiné, café soluble, café instantané, café aromatisé, café moulu aux épices et les extraits de café.