Forum Algérie-Afrique, prochaines élections législatives, polémique sur le RHB, décès du journaliste Mohamed Tamalt, éventualité du retour de l'Algérie à l'endettement extérieur, rapatriement des migrants subsahariens… Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, a passé en revue, hier lors d'une conférence de presse tenue au siège de sa formation, tous les sujets d'actualité nationale. D'abord le sujet qui a suscité un énorme tapage médiatique : le forum d'investissement et d'affaires Algérie-Afrique qui s'est déroulé du 03 au 05 décembre à Alger et les spéculations ayant suivi l'incident protocolaire. Le patron du RND affirme que «le dysfonctionnement dans l'organisation» ne détourne pas son attention des résultats de la rencontre. «Il y a un petit dysfonctionnement en matière d'organisation. Le forum est le point de départ de relations fortes entre les entrepreneurs algériens et africains. Près de 100 conventions ont été signées. C'est un bon prélude pour la présence des opérateurs algériens en Afrique», a-t-il dit. Relancé, le conférencier a rappelé que le pays a ramené 2 000 opérateurs étrangers pour assister au forum, déplorant que certains se concentrent sur l'incident de la sortie du Premier ministre en plein discours du président du FCE. L'important plus lui, c'est les résultats de la rencontre. Pas de guerre contre Sellal Tout en réitérant son soutien au président du FCE, le chef de la deuxième force politique du pays a exprimé également le soutien de son parti au gouvernement Sellal. «à entendre certains, on croirait que j'ai déclaré la guerre à Sellal», a-t-il lancé, avant d'affirmer le contraire. «J'affirme que le RND soutient le gouvernement et j'ajoute que le RND soutient le gouvernement», a-t-il insisté. Ceci étant, le patron du RND a réitéré aussi renouveler le soutien de son parti au chef de l'état. Interrogé sur le bruit qui court à propos d'un éventuel 5e mandat pour Bouteflika, il a répondu que «trois années après la réélection du président Abdelaziz Bouteflika en 2014, le pays fonctionne et est bien dirigé malgré des lacunes». «Nous soutenons notre président en tant qu'Algériens et militants et nous lui souhaitons la bonne santé et davantage d'énergie dans la gestion et la conduite des affaires du pays. Le Président a réussi admirablement à démentir toutes les voix qui, en avril 2014, se demandaient sur sa capacité à diriger le pays», a-t-il souligné. Sauf que cela n'a pas empêché l'homme d'apporter certaines critiques à l'égard de l'Exécutif. Il cite le manque de contrôle du marché et de vérité dans le discours officiel. «Le discours officiel ne dit pas toute la vérité au peuple. On donne l'information au compte-gouttes. Lorsqu'on entend le ministre des Finances dire que la situation n'est pas difficile, eh bien, la situation est très difficile!», a-t-il cité pour exemple. Ouyahia évoque aussi une faillite des pouvoirs publics en matière de contrôle du marché et les prix des produits. «Nous ne cachons pas les lacunes avec nos doigts. Il y a faillite des pouvoirs publics en matière de contrôle», a-t-il avoué. évoquant la crise financière que traverse le pays, le conférencier s'est dit contre le retour à l'endettement extérieur, tout en soutenant les mesures d'austérité prises par le gouvernement. Il a précisé que les 5 milliards de dollars que l'Algérie s'est dit disponible à prêter au FMI ne sont pas encore sortis des réserves de change du pays. Selon lui, l'accord, valable jusqu'à 2020, prévoit que le FMI prenne cet argent lorsqu'il en aura besoin. Dans ce contexte, il a critiqué l'opposition qui «noircit l'image du pays», en l'appelant à présenter des alternatives au lieu de se contenter uniquement des critiques. Pour lui, la décision des partis de l'opposition de participer aux prochaines élections législatives est une «reconnaissance de la légitimité des institutions». Ouyahia affirme ne pas croire à la politique des quotas au sein de l'APN, soulignant que sa formation se soumet à l'arbitrage du peuple. Assez de charlatanisme Le secrétaire général du RND n'a pas manqué l'occasion pour s'exprimer sur le scandale provoqué par le produit RHB, présenté par ses promoteurs comme un remède miracle contre le diabète. «L'appellation elle-même relève du charlatanisme», a-t-il dit. Ouyahia, un nostalgique des années 1960, a souligné qu'à cette époque, l'Algérie n'a pas été à ce niveau de charlatanisme, évoquant le RHB et Waad Essadek, ce revendeur de véhicule qui a escroqué des centaines de personnes à Bouira. «Il y a trop de voleurs, trop de d'hypocrites et trop de manipulateurs», a-t-il regretté, en appelant à la vigilance. Le conférencier a déploré la faiblesse des institutions de contrôle. Sur un autre plan, le patron du RND a défendu l'action de l'Algérie qui a rapatrié ces derniers jours des centaines de subsahariens. «L'état algérien a le droit de prendre quelques mesures envers des ressortissants africains en situation irrégulière. Il y a eu des rapatriements, des opérations qui ne sont jamais aisées ni heureuses», a-t-il dit, précisant que l'Algérie n'est pas un pays d'accueil de migrants pour le travail. «Ali Haddad est un ami» Interrogé sur ses relations avec le président du FCE, Ali Haddad, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a indiqué qu'elles n'ont pas changé. «Ali Haddad est toujours un ami», a-t-il affirmé, ajoutant qu'il n'était pas de ceux qui changent d'amis en fonction de la direction du vent. évoquant le forum d'affaires et d'investissement Algérie-Afrique, M. Ouyahia a déploré le fait que «chacun cherche à décocher des fléchettes contre Ali Haddad et l'état», précisant qu'un conseiller du Roi du Maroc avait démenti son invitation au forum. Par ailleurs, l'orateur n'a pas voulu commenter le limogeage de l'ambassadeur algérien en France, affirmant que «comme pour la nomination des ambassadeurs, les fins de fonction n'ont pas à être justifiées». Décès de Mohamed Tamalt «Laissez la justice faire son travail» Le secrétaire général du RND a qualifié la mort du journaliste Mohamed Tamalt à l'hôpital de «dramatique», en présentant ses condoléances à la famille du défunt. Interrogé sur le fait qu'il soit condamné à la prison ferme alors que le code de l'information et la Constitution interdisent l'emprisonnement des journalistes, l'orateur a appelé à ne pas accuser la justice d'avoir agi en dehors de la loi. «L'affaire est en justice puisqu'il y a plainte de sa famille et de ses avocats. Il faut donc laisser la justice faire son travail», a-t-il lancé.