Les mesures instaurées par le ministère de l'Education nationale pour juguler le phénomène de la violence au sein des écoles s'avèrent inefficaces. Pour preuve, nous assistons quotidiennement à des scènes de violence qui prennent parfois une tournure dramatique. Le décès de l'élève Boukarma Kamel, âgé de 15 ans, il y a quelques jours à Skikda, après avoir été violenté devant l'entrée de son établissement par un groupe de jeunes, soulève encore une fois la problématique de l'efficacité du mécanisme de sécurisation des établissements scolaires. Cette recommandation figurant dans les clauses de la convention triangulaire sur la prévention contre la violence en milieu scolaire, signée en mars 2016 entre le département de Benghebrit, le commandement de la Gendarmerie nationale et la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) semble insuffisante. Selon l'Association nationale des parents d'élèves (Anpe), la mise en place d'un dispositif de sécurité aux abords des établissements scolaires n'a pas réduit le phénomène. «Les agents de police chargés d'assurer la sécurité à la périphérie des écoles ne peuvent pas tout surveiller», a soutenu Ahmed Khaled, président de l'Association nationale des parents d'élèves (ANPE). Il précise que ce dispositif concerne beaucoup plus les établissements du premier cycle. «Le dispositif a été mis en place suite à la vague de kidnappings qui visaient les enfants», ajoute M. Khaled. La violence qui gagne l'école n'est que le reflet de la violence qui sévit au sein de la société, estime notre interlocuteur. «La violence qui est à un niveau inquiétant dans la société s'est propagée dans nos écoles», dit-il. Il a ajouté : «les élèves ne font que reproduire les actes de violence verbale et physique existant en dehors de l'école. Mais ce phénomène a pris de l'ampleur à cause de l'impunité et des procédures de sanctions contre les auteurs de ces actes. Des chiffres qui donnent froid dans le dos attestent de la gravité de la situation». Depuis 2014, le ministère de l'Education a fait état, rappelle notre interlocuteur, de 40 000 cas de violence dont 6000 cas de violence d'élèves à l'encontre de leurs enseignants. Il est indispensable d'appliquer, exige le président de l'Anpe, les procédures disciplinaires, voire aller jusqu'à l'application des textes stipulant la condamnation des auteurs d'actes de violence qui portent atteinte à l'intégrité physique de membres de la communauté éducative, que ce soit l'élève ou l'enseignant. L'installation de caméras de surveillance est vivement recommandée par les parents d'élèves. L'installation de cet équipement, explique M.Khaled, permettra le signalement des cas suspects par les responsables des établissements qui peuvent prévenir les services de sécurité. Le représentant des parents d'élèves insiste aussi sur la réactivation de l'activité culturelle et sportive qu'il trouve indispensable pour déstresser et diminuer la pression sur les élèves. La mise en place de cellules d'écoute composées de psychologues et de sociologues au niveau de l'ensemble des écoles pourrait contribuer à atténuer ce phénomène. Des mesures porteront sur l'introduction de changements sur le règlement intérieur de l'établissement scolaire et le contenu de certains cours, ainsi que l'organisation de campagnes de sensibilisation. Ce sont des dispositions que comprend la nouvelle stratégie de lutte contre la violence au sein de l'école, annoncée par la ministre du secteur.