Une deuxième cargaison de produits du Sahara occidental devait arriver, hier samedi, à Rouen (Normandie, France), malgré l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne du 21 décembre dernier, a-t-on appris de Western Sahara Ressource Watch (Wsrw). La cargaison de sel provenant du territoire du Sahara occidental, occupé par le Maroc, a été vue et photographiée le 4 février à son chargement sur le navire BBC Magellan dans le port de la capitale sahraouie El-Aâyoun, a précisé la même source. En janvier dernier, la société française Olvea, spécialisée dans la production et commercialisation des huiles, avait reçu une grande quantité d'huile de poisson du territoire occupé au port de Fécamp, dans la même région, malgré les vives protestations du Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui, des Sahraouis résidant en France et des associations françaises. Le 21 décembre, rappelle-t-on, la Cour de justice de l'UE a précisé que les accords d'association et de libéralisation entre l'Union européenne et le Maroc «ne sont pas applicables au Sahara occidental», soulignant ainsi que les accords commerciaux de 2012, comme ceux conclus en 2000, ne peuvent s'appliquer au territoire du Sahara occidental, car ce territoire ne fait pas partie du royaume du Maroc. Pour ce réseau qui surveille le pillage des ressources naturelles du Sahara occidental, considéré par l'Onu un territoire non-autonome, donc éligible pour son autodétermination, on ne connaît pas encore le client de cette cargaison de sel de déglaçage qui est généralement utilisé en Europe par les municipalités ou l'Etat pour être répandu sur des routes glissantes d'hiver. Les importations sont souvent effectuées par une société d'importation privée ou publique, a-t-on ajouté. Il est fort probable, selon Wsrw, que le sel provient du site de production d'Oum D'baâ du Sahara occidental occupé ou d'Akfhennir, au sud du Maroc. Le navire BBC Magellan, un cargo de 5 344 tonnes, navigue sous pavillon Antigua & Bermuda et est exploité par la compagnie de navigation allemande BBC Chartering, indique Wsrw, ajoutant, selon les autorités portuaires locales, que le gérant des importations est Sea Invest France, une filiale locale de la société belge Sea Invest. Le Front Polisario avait porté plainte, en janvier dernier, auprès de la Direction interrégionale des Douanes de Rouen au sujet de la cargaison d'huile de poisson importée «illégalement» du Sahara occidental. Dans la plainte, l'avocat du Front Polisario, maître Gilles Devers, a indiqué au directeur des Douanes que cette affaire «cause un trouble particulièrement grave à l'ordre public, dès lors que la violation établie du droit du peuple sahraoui à l'exploitation de (ses) ressources naturelles se combine avec un déni des principes posés par l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne le 21 décembre 2016», soulignant la nécessité d'une enquête urgente. L'avocat a expliqué que vu les questions «stratégiques» en cours et l'impact public qu'a connu l'arrêt de justice, il est difficile de soutenir que les autres opérateurs économiques «aient pu ignorer le droit applicable», demandant ainsi une enquête auprès des groupes organisateurs du transport du bateau Key Bay, qui avait chargé une cargaison d'huile de poisson à El-Ayoun. Au début du mois de février, l'importateur danois, Dansk Vejsalt, de sel a déclaré qu'il n'importerait plus du sel de déneigement en provenance du Sahara occidental, territoire occupé par le Maroc.